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Imaginée par Churchill dès les heures sombres de l’été 1940, l’idée de reprendre pied sur le continent prend corps avec l’entrée en guerre des États-Unis en décembre 1941. La nécessité de mobiliser d’immenses moyens et les divergences stratégiques entre Alliés conduisent néanmoins à reporter l’opération. Lors de la conférence de Téhéran (28 novembre-1er décembre 1943), les Anglo-Américains s’engagent finalement à débarquer en France au printemps 1944.
Le choix de la Normandie
Dès l’été 1943, les experts militaires anglo-américains s’accordent sur l’idée d’un débarquement en baie de Seine. Les côtes du Pas-de-Calais, certes beaucoup plus proches, sont aussi bien mieux défendues par de puissantes batteries d’artillerie à longue portée.
Les Alliés font donc le choix de la Normandie, qui demeure dans le rayon d’action efficace de leurs chasseurs et offre de vastes plages abritées des vents dominants. Surtout, les défenses allemandes y sont plus faibles. Il s’agit d’établir une solide tête de pont pour regrouper troupes et matériels, de prendre par l’intérieur le port en eaux profondes de Cherbourg, d’installer des bases aériennes, avant de gagner ensuite la Bretagne ou la Seine.
Tirer parti des précédentes opérations
Désigné en décembre 1943 pour prendre la tête du corps expéditionnaire allié, le général Eisenhower exige la révision des plans déjà établis en vue d’élargir la zone d’assaut initiale et d’accroître ainsi les effectifs débarqués. Cinq divisions (au lieu de trois) doivent être débarquées lors de la première vague et une nouvelle tête de pont est prévue à la base de la presqu’île du Cotentin afin de s’emparer plus rapidement de Cherbourg. D’ouest en est, les cinq secteurs d’assaut sont désignés sous les noms de code Utah et Omaha (pour les divisions américaines), Gold (britannique), Juno (canadienne) et Sword (britannique). Trois divisions aéroportées doivent par ailleurs assurer les flancs de l’offensive.
Le plan Neptune, prélude à Overlord, bénéficie des expériences de débarquement précédentes. Le désastre du raid de Dieppe (19 août 1942) avait notamment démontré l’importance de l’appui-feu. La Sicile a prouvé la nécessité que la flotte soit protégée par l’aviation. Enfin, l’opération Avalanche à Salerne a révélé la précision de l’artillerie navale. Aussi, la force de bombardement prévue le 6 juin est conséquente, totalisant 86 bâtiments et 600 pièces d’un calibre allant du 100 au 381 mm. Plus de 8 000 tonnes de bombes seront par ailleurs lancées par l’aviation alliée sur les défenses allemandes dans les heures qui précèderont l’assaut.