Si le Débarquement est avant tout une opération logistique, divers navires de guerre furent mobilisés par les Alliés afin de contrer l’artillerie allemande et de protéger les convois.

Cuirassés et croiseurs, les forces de soutien


Les cuirassés, avec leur artillerie de gros calibre, constituent la principale force de frappe du soutien naval au Débarquement. Seuls sept d’entre eux sont engagés : quatre cuirassés anglais couvrent le flanc est et trois cuirassés américains font face aux plages. Ces unités sont complétées par trois croiseurs lourds américains, 19 croiseurs légers britanniques, 3 français et 3 canonnières néerlandaises. Tous ces navires ont pour mission de neutraliser les batteries allemandes.

Aucune épave de croiseur ou de cuirassé associée au Débarquement ne repose sur les fonds de la Baie de Seine, à l’exception des cuirassés Centurion et Courbet et du croiseur Sumatra, qui n’ont servi que de blockships au sein de Gooseberries. Le seul croiseur perdu durant l’événement est le HMS Dragon, un croiseur britannique de classe D torpillé le 8 juillet 1944 sur le secteur de Sword Beach, avant d’être sabordé comme blockship devant Courseulles le 10. Une épave, située au nord de Lion-sur-Mer, était autrefois interprétée comme ce croiseur. Pourtant, la position de l'épave ne correspond pas à celle connue pour le Dragon. D'après les données de l'opération conduite en 2013 (dir. S. Pascaud), il s'agirait plutôt du HMT Gairsay, un chalutier armé britannique construit en 1941. Les dimensions, l’aspect général et l’état de ce site sont en effet cohérents avec cette identification. Comme d'autres chalutiers armés, le Gairsay prend part aux opérations du débarquement de Normandie comme navire d’escorte. Il est ensuite intégré dans la Trout line, une ligne de navires armés mouillés au nord du Gooseberry (brise-lames) de Courseulles-sur-Mer, destinée à protéger le flanc est du Débarquement, entre le 23 juin et le 11 septembre 1944. Le 4 août 1944, il subit une attaque allemande qui entraîne sa perte et celle de 31 membres d’équipage.
 

Destroyers et escorteurs, les forces d’escorte

En complément des cuirassés et des croiseurs, 105 destroyers (dont 39 américains) doivent, d’une part, assurer l’appui feu aux troupes débarquées sur les plages et, d’autre part, escorter les convois à travers la Manche. Les forces d’escorte du Débarquement incluent aussi 61 corvettes, 41 frégates et 11 avisos. Plusieurs épaves de destroyers liés au Débarquement subsistent en Baie de Seine.

Hormis le Svenner et le Lawford, il s’agit d’unités américaines. L’USS Corry, qui essuya les premiers des batteries allemandes à l’aube du 6 juin avant de sauter sur une mine, a largement été ferraillé après-guerre. Les maigres restes de l’USS Meredith ont été localisés à l’est du banc du Cardonnet et les épaves de l’USS Rich et de l’USS Glennon au large d’Utah Beach. Ce dernier heurte une mine le 8 juin 1944. Le Rich, venu lui porter assistance, saute à son tour sur deux mines (on déplore 89 victimes). L'équipage du Glennon, assisté d'autres navires, tente de sauver son navire pendant deux jours avant de sombrer sous le feu de la batterie de Quinéville, faisant 25 morts et 38 disparus.

Le Lawford, éphémère poste de commandement

Le commandement de l’opération Neptune est, dans un premier temps, assuré à partir de la mer, au sein de quatre transports de troupes britanniques et de douze unités plus petites (frégates et destroyers d’escorte). Parmi ces derniers figure le Lawford, un des quatre bâtiments de commandement du secteur de Juno. Il s’agit de l’un des 29 destroyers d’escorte américains armés par des marins britanniques (classe Captain). Le Lawford est coulé dès le 8 juin 1944 par une bombe d’aviation allemande, faisant 24 victimes et 6 blessés. Ses restes sont aujourd’hui disséminés dans trois secteurs. La poupe et la proue sont mieux conservées que la partie centrale du navire. En plongée, on distingue encore les arbres d’hélices, la quille, la coque très corrodée et, dans le secteur de la proue, un canon et un ASDIC.
 

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