La découverte, à l’avant de l’épave, sur quelques mètres carrés proches de ce qui est identifié comme la cuisine du bord, d’os hyoïdes de porcs mais aussi de bovins atteste de l’existence de conserves de langues de porc et de bœuf. 

Si ces produits ne font pas partie des denrées prescrites par l’ordonnance pour les armées navales de 1689, on peut cependant en trouver trace au hasard des archives et des inventaires de navires malouins. Ainsi, on observe, sur l’inventaire du corsaire malouin L’Intrépide, en 1746, trois barils de langues éventées… Reste que cette présence est plus surprenante à bord d’une frégate royale du Havre, où l’on s’attendrait à observer une meilleure application des règles de l’ordonnance… Mais, de la théorie à la pratique, les denrées que l’on consomme à bord sont souvent différentes de ce qu’exige l’administration royale. La prescription de l’ordonnance de 1689 de n’utiliser à bord que des «viandes sans pieds ni têtes» ne semble en effet pas mieux appliquée sur le navire du roi que sur la frégate privée granvillaise… Sur les deux épaves, la fouille a montré la présence d’ossements de pieds mais aussi de têtes de porcs. 

En contrepoint des sources officielles, l’étude archéozoologique des restes animaux trouvés sur les épaves fournit un éclairage tangible et essentiel sur les pratiques alimentaires et les approvisionnements carnés à bord des navires, domaine sur lequel les données écrites font cruellement défaut.