L’opulence qui gagne à la fin du XVIIe siècle le milieu des armateurs, capitaines et négociants malouins se traduit par l’émergence d’un nouvel art de vivre. Manoirs et maisons fortes qui peuplent l’arrière pays de Saint-Malo sont remplacés par des résidences de campagne de formes généreuses sans être ostentatoires. Désormais, on se plaît en effet à prendre villégiature hors de l’intra-muros, dans une demeure confortable, précédée d’une allée plantée d’arbres et enclose de longs murs cernant des jardins entretenus produisant parfois quelques cultures de subsistance.

La sobriété voulue de ces édifices qui privilégient la symétrie se traduit par la simplicité de leur plan, généralement un quadrilatère, prolongé ou pas d’ailes latérales. Pour leur construction, on associe habituellement le granit de Chausey à des murs en moellons de schiste enduit à la chaux. Ces demeures contrastent ainsi avec les édifices publics et les hôtels particuliers tout en granit qui s’élèvent dans le même temps dans l’intra-muros, sous l’impulsion de l’ingénieur du roi Jean-Siméon Garangeau puis de Michel Marion. Le plan de ces résidences secondaires rurales et la philosophie qui y prévaut sont suffisamment caractéristiques du pays de Saint-Malo pour que le nom de « malouinière » s’impose très tôt pour les désigner. On trouve ce terme attesté dès l’aube du XVIIIe siècle.