Vue cavalière de l'oppidum d'Entremont.

Planimétrie de l'espace ou urbanisme :les influences méditerranéennes dans le plan de la ville

On considèrera ici l'urbanisme comme l'art et la technique de l'aménagement des agglomérations humaines. De ce point de vue, il est indéniable que l'observation du plan d'Entremont révèle, dans les deux états de la ville, un tracé préalable aux travaux, qui est déjà, et par deux fois, le témoignage d'une réflexion sur l'organisation de la ville neuve puis de son agrandissement.

Mais il n'y a pas, comme dans certaines villes hellénistiques de la même époque ou plus tard dans les villes romaines, un urbanisme savant disposant les fonctions urbaines selon une subtile distribution et des perspectives étudiées. Comme dans tant d'autres domaines, les populations "barbares" encore libres, au contact de cultures proches et influentes, ont retenu de celles-ci l'image qu'elles en percevaient, sans adapter obligatoirement l'esprit et l'usage de ce qu'elles empruntaient.

Vue cavalière de la colonie grecque d'Olbia (Hyères).

Un habitat en évolution

Le plan régulier des deux habitats est un emprunt évident aux "damiers" des villes hellénistiques, telles que les Salyens pouvaient en visiter sur la côte provençale (Olbia  à Hyères, par exemple, plus que Marseille dont on connaît mal le plan). Mais on peut considérer que ce n'est que la régularisation et l'embellissement des alignements de cellules que les populations de Provence savaient disposer depuis plusieurs siècles déjà.

Si l'on remarque des irrégularités dans la largeur des rues, dans des alignements incertains qui ne sont pas dûs à un accident de terrain, ainsi qu'un manque évident d'espaces de "respiration" (mais le site est loin d'être complètement fouillé), on relève aussi que les deux plans s'adaptent habilement aux contraintes générales de la topographie, et que celui de la nouvelle ville (habitat 2) diffère de celui de la ville haute (habitat 1) sur deux points importants : ses îlots plus carrés, qui correspondent à peu près à l'addition de deux des rectangles étroits de la première ville, étaient certainement mieux adaptés à la nécessité d'accueillir des maisons de plusieurs pièces, et on a, près de l'entrée de la nouvelle ville, clairement mis en valeur deux monuments publics en les installant contre le rempart primitif, bordés d'une place triangulaire prolongeant la voie d'accès.

Cette évolution révèle l'existence d'un véritable programme susceptible de répondre à l'évolution de la société salyenne depuis l'installation de la première ville, environ deux générations auparavant.