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Quand les premiers blocs sculptés d'Entremont sont transportés, sur instruction du préfet, à la bibliothèque Méjanes en 1817, seul le ministère de l'intérieur veille dans les régions françaises à la conservation du patrimoine archéologique.
Si en 1835 l'inspecteur général des Monuments historiques de France, Prosper Mérimée, s'interroge sur l'origine des sculptures et de la nature du site, rien de monumental ne peut l'inciter à veiller au devenir du "retranchement de sauvage" d'Entremont.
Pendant plus d'un siècle le sort de l'archéologie est intimement mêlé à celui des monuments historiques. Dès sa création au sein du ministère de l'éducation nationale en 1939, le Centre national de la recherche scientifique chapeaute l'archéologie et les monuments historiques. Le 13 juillet 1943 c'est la 15e Commission du CNRS (Fouilles archéologiques en France métropolitaine) qui approuve le classement "des fragments de sculpture découverts sur le plateau d'Entremont et déposés au Musée d'Aix ainsi que des terrains dont ils proviennent.". Dans l'immédiat après-guerre le CNRS nomme des directeurs des antiquités, tels Henri Rolland et Fernand Benoit en Provence. Robert Ambard, du CNRS, assistera toute sa vie Fernand Benoît dans la fouille d'Entremont et il sera fait appel fréquemment à des dessinateurs du CNRS pour dresser les plans ou proposer des restitutions.
Ainsi, après avoir déclaré le site d'utilité publique par arrêté du 28 juillet 1950, le Ministère de l'éducation nationale s'engage-t-il dans l'acquisition des terrains, à l'amiable ou par expropriation, qu'il achèvera le 6 octobre 1952. Un protocole lie dès 1949 le Ministère de l'éducation à celui aux armées : charge au premier de mener la politique d'acquisition des terrains au nom de l'État, jouissance exclusive de ces terrains pour le second.
Les différentes institutions intervenant aujourd'hui dans l'étude et la conservation des vestiges archéologiques mobiliers et immobiliers (archéologie, monuments historiques, musées) se retrouvent en effet au fil des ans au Ministère de l'intérieur (1837), au Ministère de l'éducation nationale (1940) et, enfin, au Ministère de la culture (1959). Seul le CNRS dépendra toujours du Ministère de l'éducation nationale ou de la recherche.
Les Directions des antiquités, créées en 1945, deviennent en 1994 les Services régionaux de l'archéologie, réunissant conservateurs et ingénieurs chargés d'étudier, de conserver, de protéger et de promouvoir le patrimoine archéologique, au sein des Directions régionales des affaires culturelles. Aux archéologues à maintenir en état les vestiges archéologiques découverts en fouilles, aux Conservations régionales des monuments historiques d'assurer la conservation et la mise en valeur de ce patrimoine.
La loi de programme sur les monuments historiques (1988 -1992) est l'occasion de concevoir un projet d'aménagement d'ensemble du site. Construction de parkings pour l'accueil des cars et des voitures particulières, cheminement à travers le site, restaurations des sols et des rues, reconstructions éventuelles : tous les aspects de la mise en valeur d'un grand site archéologique sont alors à l'étude. En 1992, la poterne est restaurée ; en 1994 et 1995, le sol de quelques cases et de rues est traité.
L'architecte en chef des monuments historiques, Didier Reppelin, installe des puits perdus au centre des cases et aux angles des rues.
Mais ce dispositif se révèle insuffisant lors de fortes pluies qui s'accumulent dans le bas de l'oppidum à la faveur de la pente qu'épouse la topographie urbaine. La remise en service du système d'égouts est désormais possible grâce aux acquis des fouilles préalables. Le sort des collections suit l'histoire des musées d'Aix. De la bibliothèque Méjanes à l'Hôtel de Ville, la statuaire rejoindra en 1828 le jardin du prieuré de Malte où sa conservation est mal assurée. M. Malbos, conservateur du musée, assurera la présentation de la statuaire sous le contrôle de l'inspecteur des monuments historiques dans les années 1960.
En 1987 le musée Granet, sous la houlette de son conservateur, Denis Coutagne, renouvelle la présentation des salles consacrées au site d'Entremont : un important travail collectif sur les collections aboutit à la publication d'un ouvrage : "Archéologie d'Entremont au musée Granet". Aujourd'hui le musée s'engage dans un nouvel aménagement.