Carte du commerce en Méditerranée occidentale

Un point de passage obligé : Marseille

Les populations de Provence ont très tôt reçu des produits lointains (l'obsidienne sarde dès le néolithique par exemple), sans que l'on sache si il existait des contacts directs avec les régions de production ou si ces produits parvenaient à la suite d'échanges successifs. Sur ce point, on est dans la même ignorance pour l'époque d'Entremont : par la quasi-exclusivité du monnayage marseillais sur le site on peut supposer que l'essentiel du commerce devait passer par Marseille, mais on sait par ailleurs (mercenariat, ambassades) que des contacts avaient été établis directement avec divers peuples méditerranéens qui pouvaient avoir débouché sur des relations commerciales.

Deux drachmes en argent de Marseille trouvés à Entremont.

Les relations avec les autres peuples gaulois

Des relations avec les peuples gaulois de l'intérieur sont plus évidentes à admettre (c'est le salut du roi des Salyens lors de la prise de leur agglomération principale), mais elles ne sont attestées sur le site que par quelques trouvailles de monnaies gauloises de la vallée du Rhône et quelques fragments de céramiques de même provenance.

Des échanges tournés vers le monde méditerranéen

À l'observation de ce que l'archéologue peut retrouver, le commerce d'Entremont apparaît presque exclusivement méditerranéen : verre d'Égypte, vaisselle de Campanie (région prospère de l'Italie méridionale, autour du Golfe de Naples. Cette cité grecque du Ve siècle, protégée par Rome à partir de la fin du IVe s., entretient avec Marseille et son aire commerciale des relations économiques privilégiées jusqu'au début de l'Empire), d'Italie du Nord, de Grèce, de Catalogne, amphores à vin de Grèce, du monde punique, et bien sûr d'Italie du Sud. Les produits marseillais sont également abondants (céramique modelée de l'Étoile, céramique à pâte claire, mortiers), et l'on doit signaler - indice d'influence culturelle et technique autant que preuve de commerce - l'existence sur le site d'un bloc de contrepoids de pressoir à treuil en pierre de la Couronne, où se trouvaient les carrières utilisées par les Marseillais pour tous leurs monuments d'époque hellénistique. La présence de corail n'est peut-être que le témoignage d'un commerce interne aux Salyens, dont le territoire était largement côtier.
On imagine aisément ce que les habitants d'Entremont pouvaient échanger contre ces importations : des produits agricoles bruts (céréales, fruits, bétail, viandes, laine) mais également transformés (l'huile, par exemple), peut-être aussi des esclaves dont le monde méditerranéen manquait souvent.

Céramiques provenant de Campanie à vernis noir.