Deux coupelles du IIe s. av. J.-C. portant inscrit le nom gaulois de Ritumos.

Si l'histoire a surtout retenu les difficiles relations politiques établies entre Grecs et populations indigènes autour de Marseille, la réalité des rapports économiques et culturels est bien plus riche et complexe. Ce sont d'abord les liens de nature économique établis par l'échange dès le VIe s. qui vont participer de la structuration sociale des populations ligures et des nouveaux arrivants alpins plus celtisés.

Dans la basse vallée du Rhône et près du littoral, l'activité commerciale avec la Méditerranée connaît un grand essor durant le Ve s., mais périclitera dès le début du IVe s. au profit de transactions interrégionales (entre indigènes méridionaux et Marseille). On ne saura parler jusqu'à la fin du premier âge du fer de phénomène d'hellénisation : les influences dans l'architecture ou l'écriture demeurent quasiment nulles. Les exceptions sont rares ou dépendantes de circonstances particulières, comme à Arles où le port et la colonie grecque établie à la fin du VIe s. (Theline) se transforment au début du IVe s. au profit d'une agglomération à population mixte (Arelate). Dès lors, elle deviendra pour la composante indigène régionale un creuset culturel porteur pour l'avenir de valeurs à forte connotation méditerranéenne.

C'est dans la deuxième moitié du second âge du fer et particulièrement à partir de la fin du IIIe s., que le développement des sociétés celto-ligures et les contacts renouvelés avec les cultures gréco-italiques, produisent des effets perceptibles dans une partie de la classe dirigeante aristocratique. Ils commencent à transparaître après le milieu du IIe s. au centre de la basse vallée du Rhône (ainsi en Provence près des Alpilles et dans le Vaucluse méridional), avec des conséquences sur l'habitat, l'architecture ou l'économie, mais surtout dans les fondements culturels intimes (tels ceux liés aux valeurs sociales, domestiques et religieuses).

C'est dans ces sociétés indigènes en mutation sociale à la fin du IIe s. que les Poleis Massalias d'Artémidore (des agglomérations indigènes fédérées à Marseille, mais non dépendantes d'elle) trouvent tout leur sens, même si leurs sources d'inspiration sont alors bien plus italiques que marseillaises. Strabon soulignera plus tard cette évolution d'une part de l'élite indigène désormais acquise à la culture gréco-italique (parler trilingue, rédaction de contrats en grec ; Géographie, IV, 1, 5). Cette dynamique sociale se reporte pour une part sur d'autres couches sociales des populations proches des centres économiques les plus dynamiques, par exemple dans la pratique limitée de l'écriture (avec un alphabet grec), l'usage accru du monnayage et l'évolution partielle des habitudes domestiques ou de la table.