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- Habitat II (2ème agglomération)
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Une édification sur le tracé de l'ancienne fortification
Au moment de l'implantation de l'habitat 2 vers - 150 av. J.-C., la fortification primitive de l'habitat 1 est devenue obsolète et a été arasée. Mais son tracé est demeuré un élément topographique incontournable des liaisons architecturales entre le village primitif et la nouvelle agglomération.
Les espaces extérieurs, situés entre les tours quadrangulaires primitives, ont été utilisés pour installer de vastes habitations à étages et, au moins, une salle d'un apparent usage collectif (le secteur 12, 1). Ces bâtiments sont longés par la voie 6, axe principal de pénétration dans la bourgade depuis la porte connue à l'ouest.
Entre les anciens bastions 2 et 3, une salle monumentale d'environ 20 m de longueur par 5 m de largeur est soigneusement édifiée, devant une rue large de plus de 8 m.
Plan de la salle hypostyle dans son contexte architectural.
L'intérieur de la salle hypostyle et la salle hypostyle avec la voie 6 et son radier de roulement.
L'architecture du bâtiment
Les informations, puisées dans les carnets de fouilles et les publications décrivant les effondrements des superstructures, permettent de proposer une restitution architecturale de la construction. Elle se compose d'un rez-de-chaussée en forme de salle hypostyle (espace dont la couverture est soutenue par des colonnes), au sol de terre battue. Les piliers de façade reposent sur un stylobate (soubassement continu-généralement en pierre-supportant une colonnade) composé des éléments remployés d'au moins un sanctuaire primitif.
Les parois, massives, installées sur les anciens tracés de l'enceinte ont une base en pierre sèche et une élévation en terre banchée (emploi d'un cadre de bois dans la construction d'un mur en pisé). Les façades sont à pans de bois, d'après les témoins de hourdis (éléments de remplissage-terre, pailles et pierres- des espaces vides d'une armature en pans de bois) recueillis.
Le rythme du positionnement des piliers en bois est assuré par les engravures (entailles) lisibles sur le stylobate et l'option retenue pour la reconstitution peut paraître justifiée. Une vingtaine de crânes d'hommes d'âge avancé, encloués ou percés pour être suspendus, ont été retrouvés dispersés autour du stylobate ; sans doute étaient-ils originellement présentés sur les bois de façade. Les seuls vestiges signalés sur le sol sont des fragments d'amphores italiques. Aucun élément de la statuaire du site n'est lié à ce bâtiment.
Si la présence d'un étage n'est guère douteuse, la restitution de sa façade est par contre mal assurée. Les options d'une salle fermée ou d'une galerie peuvent être aussi bien envisagées l'une que l'autre. Les certitudes résident dans l'existence d'un sol de type opus signinum (sol de mortier (ou de terre argileuse damée), décoré de motifs géometriques simples réalisés à l'aide de petits cubes de pierre blanche ou d'autre matières colorées, les tesselles), mais sur argile fine damée et lissée, et les parois étaient enduites à la taloche d'une fine couche de chaux blanche sans décor.
Aucun accès bâti n'est visible en rez-de-chaussée ; le seul escalier soigneusement construit à proximité est situé sur l'arrière du bâtiment.
Proposition de restitution générale du bâtiment.
Proposition de restitution générale du bâtiment.
Vue de la restitution du bâtiment en coupe.
Vue de la restitution du bâtiment en coupe.
Vue de détail de l'architecture de pierre, terre et bois.
Vue de détail de l'architecture de pierre, terre et bois.
Vue de détail de l'architecture de pierre, terre et bois.
Vue de détail de l'architecture de pierre, terre et bois.
Son rôle
Cet espace monumental est indiscutablement lié à l'élargissement de la voie 6 à cet endroit, c'est-à-dire à une volonté délibérée de le dégager au maximum de son environnement.
Mais si on peut le considérer, à la fin de la Protohistoire méridionale, comme un des premiers exemples d'un bâtiment public dans l'habitat, sa dévolution reste fort incertaine.
Les amphores sur le sol suggèrent des rituels de libations et les crânes exposés rappellent les témoignages de Posidonios d'Apamée sur les trophées de guerre présentés sur les propylées (Dans l'Antiquité, portique à colonnes qui formait l'entrée, la porte monumentale d'un sanctuaire ou d'une citadelle) des agglomérations. L'édifice paraît avoir été construit ou reconstruit lors du dernier état de l'habitat 2 (vers - 125 à -100 av. J.-C.).
Élément d'enduit mural à la chaux.
Fragment de sol de type opus signinum. Les morceaux de tesselles en calcaire blanc forment un damier régulier.