Fouille de 1999.

Les investigations des deux dernières décennies, qui seront publiées dans le cadre d'un travail collectif, ont complété les connaissances archéologiques des recherches antérieures en les précisant, mais aussi et surtout renouvelé la perception de la formation de ces habitats successifs dans leur différenciation structurelle.
Ainsi plusieurs interrogations jadis en suspens ont trouvé une amorce de réponse.

Une chronologie affinée des deux habitats

La chronologie de l'habitat 1 est désormais bien ancrée au cours de la première moitié du IIe s. et celle de l'habitat 2 qui l'enveloppe, vers le milieu du siècle, inclut bien les deux destructions militaires que Robert Ambard et Fernand Benoit avaient constatées. La dernière, d'après la comparaison des mobiliers retrouvés en regard de ceux des autres sites régionaux de la seconde moitié du siècle, serait postérieure aux années -125, quelque part entre -110 et -90.

De nouvelles interprétations autour de l'habitat 2

L'architecture et les mobiliers du second habitat ont révélé que ce dernier ne résulte pas d'une simple amplification du premier par simple évolution culturelle sur place, mais découlent du regroupement conjoncturel de populations régionales extérieures, en temps de guerre. Ces dernières s'installent avec un savoir faire technologique et artisanal d'une ampleur auparavant inconnue sur le site (travail du métal généralisé, du verre et transformation des produits de l'agriculture avec les pressoirs) et apportent certainement avec elles les éléments sculpturaux liés aux familles aristocratiques. L'hypothèse a été formulée d'un regroupement de populations établies sur les territoires de plaine alentour, sans doute sur des domaines agricoles, avant le milieu du IIe s.

Hormis qu'il est peut-être le "dernier bastion" de résistance des Salyens, l'intérêt majeur de l'habitat fortifié d'Entremont réside dans la rapide succession de ses implantations et la nature de leurs composantes. Les différences socio-économiques qu'elles révèlent dans le monde celto-ligure du milieu du IIe s. avant notre ère en montre la dynamique interne et les forts contrastes qui existent au sein de communautés que l'on a cru pendant longtemps très égalitaristes.