Les restes de deux corps abandonnés dans les effondrements de l'îlot 29 témoignent de la fin violente de l'habitat d'Entremont.

La conquête romaine de la Provence en 123 avant notre ère a trop souvent été utilisée avec abus comme un terminus ante quem intangible : tout ce qui est trouvé à Entremont, envisagée comme "capitale" des Salyens, ne pourrait être postérieur à cette date. Il est de fait qu'on ne peut traiter la fin d'Entremont sans tenir compte du problème posé par le statut du site et sa confrontation avec les données textuelles et archéologiques : parle-t-on de la fin de "la ville" des Salyens, ou de la fin d'un oppidum parmi d'autres sur une colline appelée aujourd'hui Entremont près d'Aix-en-Provence?

Dans le premier cas, on ne pourra éviter d'essayer de concilier textes et archéologie, et dans le second, en oubliant les textes, ne risque-t-on pas, par excès de prudence, de se priver d'une "grille de lecture" fort précieuse pour comprendre et interpréter les découvertes faites sur le site ?
Si l'on essaye d'appréhender le site en le privant momentanément de ce rôle supposé dans l'histoire évènementielle, et si on le traite comme un oppidum parmi d'autres, sa fin peut s'écrire en quelques mots : après deux batailles qui ont laissé des traces sur le site, l'oppidum est abandonné vers 100 avant notre ère. Si l'on considère qu'il est bien la dernière citadelle des Salyens (et la titulature de la fondation romaine toute proche, Aquae Sextiae Salluviorum, pourrait le laisse penser), on peut proposer qu'après une première destruction lors de la conquête de Sextius en 123, l'oppidum a continué de vivre quelques temps grâce aux Salyens graciés avec Craton, et qu'il a définitivement été détruit à l'occasion de la période troublée provoquée par une révolte des Salyens, phase qui culmine en 90 avant notre ère lorsque Rome doit envoyer un consul pour la mater.

Carreaux de catapultes, armes utilisées par les Romains.