Le corpus d’incrustations en coquille retrouvé à Mari depuis 1933 jusqu’aux dernières fouilles menées sur le site en 2010, est à ce jour le corpus le plus important du Proche-Orient ancien.

Les incrustations en coquille pour panneaux figuratifs

Ces incrustations, en coquille nacrée ou non, étaient fixées sur des panneaux de bois par du bitume. Produits entre 2550 et 2300 av. J.-C., soit pendant la phase Ville II, ces panneaux étaient déposés dans deux types de bâtiments, les temples et les bâtiments administratifs. Lors du sac de la ville par les armées akkadiennes, les panneaux ont été violemment détruits. De fait, aucun d’eux n’a été retrouvé intégralement préservé et seuls les fragments d’incrustations ont été mis au jour. On ne connait ainsi ni la forme exacte, ni les dimensions, ni l’organisation interne de ces panneaux incrustés.

Deux thématiques principales : militaires et cérémonielles

Les scènes militaires correspondent principalement à l’illustration de la victoire avec pour sujets principaux des soldats et des ennemis conduits lors de probables parades. Les soldats sont représentés en arme et en tenue de combat et les ennemis sont figurés nus et entravés, parfois piétinés par des chevaux conduisant des chars à quatre roues.

On rencontre deux type de scènes cérémonielles.

  • Les cérémonies religieuses : scènes de communion ou de sacrifice auxquelles prennent part des orants et des femmes que l’on interprète comme des prêtresses. Celles-ci sont vêtues d’une robe et d’un châle porté sur les épaules, fermé par des épingles auxquelles est suspendu un chapelet de perles, se terminant par un sceau-cylindre. Elles portent également une coiffe haute et ronde, le polos, qui les distingue très clairement du reste des femmes représentées dans le corpus.
  • Les cérémonies sociales : scènes dites de banquets, composés de personnages assis accompagnés de serviteurs. Une scène enfin, unique en son genre, figure trois femmes occupées à la mise en écheveau, activité consistant à retirer des fils d’un fuseau et à les assembler afin qu’ils ne s’emmêlent pas.

Des caractéristiques iconographiques spécifiques

Si ces thèmes iconographiques semblent a priori restreints, il apparaît en réalité que les panneaux figuratifs incrustés développent certaines caractéristiques qui leur sont propres. On remarquera principalement l’absence notable de représentation de divinités, de souverain ou encore d’éléments visuels pouvant fournir des informations clés sur le cadre spatio-temporel des scènes. Ainsi, cette iconographie n’est pas sous-tendue par un principe de narration d’événements spécifiques, mais plutôt d’évocation de situations mettant en scène certains individus qui revêtent des insignes particuliers – coiffes, parures, accessoires – qu’il est possible de mettre en relation avec des personnages de haut rang.

Les panneaux figuratifs incrustés constituent ainsi les derniers témoignages visuels d’une certaine oligarchie urbaine mariote, à l’époque des cités-États mésopotamiennes.