En 2000, la fouille de la zone avant de la Dauphine a révélé une passoire en alliage cuivreux posée à même le plancher du navire dans un plat en étain. Afin de remédier à son fond rond et à la disparition de ses pieds, la passoire avait été calée dans le récipient au moyen d’une cuillère en étain. Elle renfermait encore, à sa découverte, quelques vertèbres de morue. 

Il faut sans doute y voir, préservé du chaos provoqué par le naufrage, l’une des ultimes préparations culinaires faites à bord, une sorte de témoignage émouvant de la dernière préoccupation du Maître-coq ou d’un matelot, déposant le poisson dessalé dans une passoire afin de l’égoutter, puis prenant le soin de placer le récipient au sol de façon à ce qu’il ne verse pas sous l’effet de la houle et du roulis. 

Cette découverte peut également être rapprochée de ce que l’on sait du naufrage de la Dauphine, perdue le 11 décembre 1704. Une consultation du calendrier perpétuel permet de déterminer le jour de la semaine où s’est déroulé le naufrage, à savoir un jeudi, veille d’un jour maigre. Il est ainsi tentant, par jeu de l’esprit, d’imaginer que ces quelques restes sont l’ultime témoignage de la morue qu’on se proposait de consommer le lendemain ...