À l’annonce du branle-bas, les « servants » des canons, dont le nombre oscille entre six et dix hommes, rejoignaient leur canon au sabord. Durant tout le combat, ils en assuraient le service sous l’autorité d’un chef de pièce.

Dès le boulet tiré, l’un des servants écouvillonnait le tube afin d’en débarrasser l’âme des vestiges de poudre et de toile incandescente. Le chef de pièce vérifiait alors que la lumière, ou canal par lequel on glisse la poudre d’amorce, était libre. Dos au sabord, un jeune servant plaçait ensuite dans la bouche du canon une gargousse de poudre apportée dans un porte-gargousse. Une platine en plomb était alors posée sur la lumière afin d’éviter toute étincelle susceptible de provoquer un embrasement prématuré. Sitôt la charge poussée dans le fût à l’aide du refouloir, un servant enfonçait dans le tube un premier valet en chanvre puis un boulet et un second valet. 

Avant la mise à feu, il fallait procéder au pointage de la pièce en hauteur et en direction. C’est le chef de pièce qui s’acquittait de ces réglages, aidé dans sa tâche par les servants qui ajustaient des cales en bois et des coins de mire sous le canon. Celui-ci était pointé en fonction de la distance et de la position du bâtiment à atteindre mais aussi en fonction du type de projectile utilisé, boulet rond, ange ou boulet ramé, grappe de raisin ou mitraille. Pour tirer, il restait à retirer la platine, enfoncer le dégorgeoir dans la lumière afin de percer la gargousse, verser à l’aide d’une corne à poudre l’amorce qui allait mener le feu jusqu’à la gargousse et procéder enfin à la mise à feu à l’aide d’un boutefeu.