La majorité des vestiges inventoriés en Baie de Seine sont d’origine américaine ou britannique. Cependant, certains sites témoignent de la participation d’autres nations alliées à l’opération Neptune.

L’importance des forces du Commonwealth

Dans la mesure où certains des vestiges sous-marins ne sont pas précisément identifiés, il est difficile de déterminer avec certitude la nationalité de chacun d’entre eux. On peut néanmoins affirmer qu’environ un tiers des épaves inventoriées sont de nationalité britannique, ou ont sombré dans les secteurs de débarquement attribués aux forces anglo-canadiennes, alors que deux tiers des vestiges identifiés sont d’origine américaine. Pourtant, les forces anglo-canadiennes formaient la majorité des contingents du Jour J, contrairement à l’image que tendent à véhiculer les œuvres de fiction, et notamment les films, qui ont largement mis en avant le rôle joué par les troupes américaines.

Les nations alliées

Pas moins de 17 nations alliées participèrent à l’opération Neptune. Le statut de propriété des navires n’est pas toujours représentatif des marins engagés sur celles-ci. Certains destroyers, mais aussi des corvettes et des vedettes britanniques, étaient armées par des marins canadiens, français, néerlandais, polonais, norvégiens, belges ou grecs.

À titre d’exemple, le destroyer britannique HMS Shark, lancé en 1943 et renommé Svenner lors de son transfert à la Norvegian Navy en mars 1944, est finalement affecté à la 23e flottille de destroyers de la Royal Navy avec pour capitaine l’officier Norvégien Holther. Ce dernier s’est réfugié en Angleterre après avoir sabordé son bâtiment pour éviter que celui-ci ne soit capturé par les Allemands. Le Svenner est chargé d'escorter les navires jusqu'à la zone de Sword où il doit bombarder les défenses ennemies. Le 6 juin 1944, son convoi est attaqué par trois torpilleurs allemands venus du Havre. Une des 18 torpilles lancées touche le destroyer en son centre. La cheminée est projetée vers l’arrière. Le navire se soulève et sombre, à 5h35, faisant 30 victimes. Les survivants sont récupérés par le St Adrian.

La participation de la Marine française

Outre le fameux commando Kieffer (1er bataillon de fusiliers marins commandos), qui débarqua sur Sword le 6 juin, la Marine française engagea quelques unités navales le jour J, notamment les croiseurs Georges Leygues et Montcalm qui ouvrirent le feu sur les défenses d'Omaha et de Port-en-Bessin. Ces bâtiments dépendaient des Forces Navales en Grande-Bretagne (FNGB), formées en 1943 lors de la réunion des Forces navales françaises libres (FNFL) et des Forces maritimes de l’Afrique.

Deux croiseurs français furent détachés pour l’opération Neptune, quatre frégates guidèrent les vagues d’assaut et escortèrent des convois, avec l’aide de quatre corvettes. La célèbre Combattante (ancien destroyer d’escorte britannique Haldon) couvrit le secteur de Juno, avant de permettre au Général De Gaulle de débarquer sur le sol français, dans le secteur de Courseulles-sur-Mer / Graye-sur-Mer, le 14 juin 1944. Son épave, documentée par les plongeurs du GRIEME, ne repose pas dans les eaux de la Baie de Seine mais au large de Grimsby (Grande-Bretagne). En Baie de Seine, la seule épave qui témoigne de la participation des FNGB au Débarquement est celle du cuirassé Courbet, sabordé le 9 juin pour constituer le brise-lames de Sword.

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