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- Le monde des sauniers celtiques et gaulois
- Une société foncièrement inégalitaire
Les « gens de rien » de Marsal
Les communautés de sauniers de l’époque gauloise exploitent une main-d’œuvre dépendante, de statut social défavorisé. À Marsal « la Digue », un silo à grain abandonné a livré les corps de sept adultes et d’un enfant de 4 à 6 ans. Ils sont datés par le radiocarbone des alentours du milieu du IVe s. av. J.-C. L’analyse du strontium indique que ces gens étaient d’origine locale ; tandis que leur ADN montre qu’ils n’entretenaient pas de liens de parenté les uns avec les autres.
Ces différents individus ont subi des traumatismes répétés, se signalant par des fractures aux mains pour les hommes et aux côtes pour les femmes. La plupart d’entre eux souffraient de déformations pathologiques de la plante des pieds, liées spécialement au port de charges lourdes. La présence parmi eux d’un petit enfant (dont l’ADN n’a malheureusement pu être étudié) suggère que ce statut social particulier était sans doute héréditaire.
Des morts dans les ordures ?
Des restes humains incomplets sont mêlés aux déchets d’activités domestiques associées aux ateliers de sauniers. Plusieurs fragments de crânes d’adultes proviennent du secteur d’atelier du « Fort d’Orléans » à Marsal, occupé au VIe s. av. J.-C. Les restes incomplets de plusieurs individus, jeunes ou adultes, ont été découverts épars à l’emplacement de l’atelier du « Pransieu A2 » à Marsal, également dans un contexte du VIe siècle. Il se trouvait parmi eux un enfant de 6 à 9 ans. Certains de ces ossements présentent des marques de morsures d’animaux carnivores, qui ont dévoré la chair et rongé ces os à proximité des articulations.
La fouille du secteur d’atelier de « la Digue » à Marsal a livré par ailleurs deux fragments de fémurs humains aménagés en lissoirs. Ces pièces ont probablement été récoltées parmi les déchets, car elles avaient été rognées par des carnivores.
Le monde des défunts privilégiés
Un vaste secteur funéraire, occupé tout au long des âges du Fer, a été repéré au voisinage du complexe d’ateliers du « Pransieu », à Marsal « Bensale » et « les Grands Prés ». Celui-ci contient des sépultures de haut social, déposées entre la fin du VIe s. et le début du Ve s. av. J.-C. Ces tombes doivent appartenir à la population des sauniers celtiques et gaulois qui exploitaient les ateliers de production de sel.
En amont de Marsal, une nécropole de tumulus, repérée à Mulcey (Moselle) « les Pâquis », a révélé la présence d’un tertre majeur d’une cinquantaine de mètres de diamètre actuel, dont la sépulture centrale est implantée dans une grande chambre funéraire de 4 à 6 mètres de côté. Ce type de construction monumentale pourrait abriter une tombe à char de la fin du premier âge du Fer, contemporaine des ateliers de sauniers celtiques de Marsal.
À Moyenvic, le grand tertre de « la Motte » doit également appartenir à un tumulus monumental, en périphérie duquel les travaux agricoles ont mis au jour des bracelets et des anneaux de jambe en bronze datés du VIe s. au IVe s. av. J.-C.
Aux environs, des découvertes anciennes signalent la présence de groupes funéraires de statut privilégié datant principalement du IVe s. av. J.-C. L’une a été repérée en 1838 à Marsal, lors de travaux de rectification du cours de la Vieille Seille. Une autre a été découverte à l’occasion de travaux agricoles entrepris en 1880 à Moyenvic « la Croix Rayeux ».
Les transformations de la société gauloise
Les derniers témoignages d’importations d’éléments précieux – tels que l’ambre, l’or et le corail – s’interrompent après le IVe s. av. J.-C. Les arrivées de biens de luxe d’origine lointaine sont absentes durant la phase récente du Briquetage de la Seille, au cours des IIe-Ier s. av. J.-C. Il faut probablement en déduire que les communautés de sauniers cessent de s’enrichir grâce à leur travail ; et alors même que leurs capacités de production sont démultipliées.
Dès lors, l’extraction du sel est probablement contrôlée par des aristocraties établies en périphérie de la vallée. Certaines d’entre elles occupent peut-être de grands domaines agricoles à proximité. Il est possible même que la production du sel de la Seille soit placée sous l’autorité de l’État du peuple des Médiomatriques, dont la capitale est Metz.