- Home
- Le sel et les hommes
- Cinq mille ans d’histoire du sel dans la vallée de la Seille
- De l’Antiquité à l’époque moderne
Les salines de l’époque romaine (Ier-Ve siècles)
Des agglomérations urbaines se développent au début du Ier s. de notre ère à l’emplacement des grands centres de production gaulois de Marsal, Moyenvic et Vic-sur-Seille. La technique de l’extraction du sel dans des fourneaux en terre cuite est abandonnée. La saumure est désormais mise à chauffer dans des bassins métalliques à fond plat, ou poêles à sel. Le centre de production de Marsal (Marosallum) est relié à la grande voie qui relie Metz (Divodurum), la capitale de cité des Médiomatriques, à Strasbourg (Argentorate) où sont massées d’importantes forces de l’armée romaine sur la frontière avec la Germanie.
À la fin du Ier s. apr. J.-C., un réseau de grands domaines ruraux se développe sur les coteaux bordant la vallée. La densité observée est d’un établissement, en moyenne, par kilomètre carré. Des villas richement dotées apparaissent au voisinage des agglomérations urbaines : celle du « Sauvageon » à Moyenvic était pourvue de colonnades et de placages de marbres.
À la périphérie de la vallée, un très important complexe cultuel prend son essor à la fin du Ier siècle apr. J.-C. à Tarquimpol (Moselle). Cet ensemble monumental, doté d’un grand temple et d’un édifice de spectacles, doit signaler un sanctuaire des sources de la Seille, fréquenté dès l’époque gauloise.
Les sauniers mérovingiens et carolingiens (VIe-XIe siècles)
Les agglomérations urbaines fondées à la période gallo-romaine subsistent après la fin de l’empire romain. Des ateliers monétaires mérovingiens fonctionnent à Marsal (Marsallo Vico), Moyenvic (Mediano Vico) et Vic-sur-Seille (Bodesio Vico), ainsi probablement qu’à Salonnes (Salionno). Ils témoignent de la richesse et de la puissance que continue à apporter le sel de la Seille.
L’exploitation du sel est attestée par les sources écrites dès la fin du VIIe siècle à Marsal et à Vic-sur-Seille. Les centres de production du sel de Marsal, Moyenvic et Vic-Sur-Seille sont désormais bien identifiés à partir de la période carolingienne. Une occupation archéologique de cette période est attestée à Salonnes et se trouve confirmée par les textes qui signalent l’existence du village de Courcelles (Curcella), contigu à celui de Salonnes au début du IXe siècle.
Les rivalités de l’époque médiévale et moderne (XIIe-XVIIIe siècles)
La période médiévale correspond à une phase d’essor et d’instabilité des salines de la vallée de la Seille. Elles pâtissent des guerres féodales du XVe siècle, qui opposent les ducs de Lorraine aux évêques de Metz pour le contrôle de la production du sel.
La période des XIIIe et XIVe siècles est marquée par le développement des centres urbains de Marsal, Moyenvic et Vic-sur-Seille, qui sont fortifiés. Vic est élevé au rang de bourg épiscopal et accueille une résidence des évêques de Metz. Une série de château sont édifiés ou rebâtis. Le château de Vic, créé semble-t-il au XIe siècle comme une résidence du duc de Lorraine, est (re)bâti au XIIIe siècle par l’évêque de Metz. La plate-forme castrale du « Châtry » à Vic-sur-Seille paraît dater de la fin du XIIIe siècle.
La tourbière de Salonnes enregistre à ce moment une troisième et dernière phase de déboisement intensive, qui coïncide semble-t-il avec l’essor des salines médiévales de la vallée de la Seille, entre les XIIIe et XIVe siècles.
Après le XVIe siècle, les progrès de l’artillerie conduisent à fortifier à l’italienne les places de Moyenvic et de Marsal. À l’issue de la guerre de Trente Ans, Marsal, désormais possession française, est fortifiée par Vauban. La grande saline royale de Moyenvic devient le centre majeur de production du sel de la vallée de la Seille. À la fin du XVIIIe siècle, la surexploitation forestière liée à la crise de l’industrie du sel entraine néanmoins des désordres environnementaux importants. Ces phénomènes combinés contribuent à accentuer les inégalités sociales, dans un climat général qui voit l’éclatement de la Révolution française.