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D’exceptionnelles pièces en bois d’époque celtique
La fouille du secteur d’atelier de « la Digue » à Marsal a livré une série d’éléments en bois exceptionnellement conservés dans un milieu anaérobie. Les sauniers du VIe s. av. J.-C. avaient aménagé des plates-formes de branchage permettant de circuler à pied sec dans les zones humides à la périphérie des bassins de décantation et d’enrichissement de la saumure. Les bassins eux-mêmes étaient construits sur des armatures de clayonnage entrelacées sur des piquets. De nombreux copeaux de bois, résultant de la fabrication de ces parois, ont été découverts abandonnés en place.
Plusieurs fragments d’objets en bois ont également été récoltés. Ce sont surtout des éléments de récipients de type coupe, ou puisoir. Un fond de baquet à saumure, d’un diamètre de 25 cm, a été découvert. Il est constitué d’un assemblage de planchettes cintrées et cousue. Un élément de corde devait servir à remonter la saumure du fond des puits salés. Plusieurs pièces énigmatiques ont été trouvées, comme un palet circulaire à perforation centrale, d’un diamètre de 8 cm, qui pourrait être lié au travail de filage.
Une activité saisonnière ?
Les processus de traitement préalable de la saumure, pour la porter à saturation, nécessitaient un ensoleillement maximal et devaient être effectuées plutôt entre le printemps et l’été. La fouille du secteur d’atelier de « La Digue » à Marsal a montré que les zones de production étaient régulièrement inondées durant la saison froide, où l’activité des salines devait être interrompue.
Des activités spécialisées annexes – notamment métallurgiques – pouvaient alors être réalisées hors de la saison de production du sel. C’est à l’issue de cette période de « repos » des ateliers que les sauniers s’activaient à entretenir et réparer les installations, en particulier les fourneaux dont les chambres de chauffe pouvaient être revêtues d’une nouvelle couche d’enduit. La succession de ces réfections suggère une durée de vie de ces fourneaux de l’ordre d’une dizaine à une quinzaine d’années.
La fin des ateliers de sauniers celtiques
Les fouilles des secteurs d’ateliers de « la Digue » à Marsal et de « Burthecourt » à Salonnes révèlent une augmentation importante des crues saisonnières, qui submergent les installations des sauniers entre la fin du VIe s. et le début du Ve s. av. J.-C. Dans toute la vallée de la Seille, les ateliers de sauniers celtiques cessent à ce moment définitivement leur production.
Les sites d’exploitation migrent alors sur plusieurs secteurs présentant l’avantage d’être hors d’eau, comme à l’emplacement des bourgs de Marsal, Moyenvic et Vic-sur-Seille. Ce ne sont probablement pas seulement des causes environnementales qui expliquent ce déclin généralisé. La fin des ateliers de sauniers celtiques de la vallée de la Seille coïncide en effet avec celle du modèle économique et social de la fin du Premier âge du Fer, qui voit l’effondrement des aristocraties « princières » du VIe s. av. J.-C.
Quels volumes de production ?
Compte-tenu du nombre des ateliers de sauniers ayant fonctionné en même temps durant la seconde moitié du VIe s. av. J.-C., la production du sel de la Seille a pu atteindre plusieurs milliers de tonnes par an durant la période celtique du premier âge du Fer.
Elle est bien plus considérable durant la période gauloise de la fin du second âge du Fer, où le volume des déchets accumulés au cours des IIe-Ier s. av. J.-C. permet d’évaluer l’extraction du sel en dizaines de milliers de tonnes par an.
Ces volumes de production dépassent évidemment les besoins d’une consommation locale. La production des salines celtiques et gauloises de la Seille alimente vraisemblablement des groupes de population importants, en direction des régions rhénanes et du Bassin parisien.