Une technologie avancée

Alors que dans toute l’Europe celtique prédominent jusqu’au IIIe s. av. J.-C. des fourneaux de type « à piédestal » – dans lesquels les récipients à sel sont placés au sommet d’une colonne de terre cuite – les sauniers de la vallée de la Seille développent dès le VIe s. av. J.-C. une technologie reposant sur des fourneaux à grilles démontables, sur lesquelles sont placés les chargements de formes à sel.

Partout ailleurs, la technique des fourneaux à grilles – d’abord démontables, puis fixes – ne sera adoptée qu’à la fin de l’époque gauloise, à partir du IIIe s. av. J.-C., puis au cours de la période augustéenne.

Une logique de production industrielle

Le passage des formes à sel horizontales vers des types de récipients verticaux s’accompagne de la disparition des bassines utilisées pour chauffer la saumure à saturation. Les cristaux de sel sont alors vraisemblablement extraits par des dispositifs ne nécessitant pas le recours à des fourneaux ; ce qui permet d’économiser l’énergie fournie par le combustible.

Dans le même temps, on constate une simplification et une miniaturisation des éléments techniques composant les grilles de chargements de formes à sel dans les fourneaux, dont les dimensions doivent également évoluer. Cette transformation vise probablement à économiser également l’énergie ; c’est-à-dire le combustible. Elle facilite par ailleurs la production en série de ces pièces, en réduisant de plus de 80 % le volume de matière première utilisé pour le modelage des barres ; ce qui permet d’optimiser le temps de fabrication.

Un impact sans précédent sur l’environnement

L’extraction du sel génère de grandes masses de déchets de production, qui sont rejetés dans l’environnement. Les sauniers celtiques, puis gaulois, abandonnent sur place les vidanges de combustion, ainsi que les éléments de fourneaux en terre cuite – tels que bassines, barres, éléments de liaison et formes à sel… Ces débris s’accumulent dans les paléo-chenaux de la Seille, contribuant au colmatage de la plaine alluviale, dans laquelle les eaux peinent de plus en plus à s’écouler normalement.

Le comblement alluvial de la vallée débute dès la période gauloise. En moins d’un millénaire, la vallée se trouve engorgée d’une épaisseur d’environ deux mètres de sédiments argileux, qui réduisent sa pente à un dénivelé de moins d’un mètre sur une longueur de 12 kilomètres. Ce segment de la vallée se transforme ainsi en une vaste zone marécageuse, qui atteint son optimum à l’époque moderne, vers le XVIIe siècle.