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Les ateliers des côtes de la Manche
Une série d’ateliers de production du sel de l’âge du Fer est attestée sur les côtes de la Manche, principalement entre Boulogne et Abbeville. Dans les différents sites fouillés, les fourneaux de type « à piliers » sont utilisés jusqu’au début du IIIe s. av. J.-C., pour laisser la place à des fourneaux à grille, qui sont attestés à partir de la deuxième moitié du IIIe s. av. J.-C., comme à Sorrus (Pas-de-Calais). Les fourneaux à grille ont été observés établis dans des fosses de forme oblongue, orientés généralement nord-ouest-sud-est. Ces constructions atteignent des dimensions importantes, comme à Sorrus « La Bruyère » (Longueur = 4,22 m, largeur = 1,20 m) ou à Pont-Rémy (Somme ; Longueur = 5,52 m, largeur = 1,72 m). Ces structures sont datées de la période de fin de l’époque gauloise (IIe-Ier s. av. J.-C.) C’est au cours de la période augustéenne que les fourneaux à grille atteignent semble-t-il leurs dimensions maximales, comme sur le site de Conchil-le-Temple « Le Fond de la Commanderie » (Pas-de-Calais ; Longueur = 7 m, largeur = 3,10 m).
D’une manière générale, le passage des fourneaux de type « à piliers » aux fourneaux de type « à grille » s’accompagne d’une évolution correspondante des récipients à saumure, lesquels passent de formes tronconiques peu élevées attestées aux VIe-Ve s. av. J.-C. (comme à Vignacourt « Le Bois Vieil », Somme) à des récipients cylindriques hauts. Ces derniers prédominent durant la période de la fin de l’époque gauloise et se généralisent à partir des environ du IIIe s. av. J.-C. À l’époque augustéenne, les sauniers utilisent de grands récipients cylindriques hauts composés de trois pièces verticales (Conchil-le-Temple).
Ces installations de sauniers gaulois ont été découvertes à l’intérieur d’occupations délimitées par de grands enclos fossoyés. À Sorrus « La Bruyère », un petit enclos de forme ovale contient un fourneau à grille flanqué d’un réservoir à saumure. L’ensemble est associé à un puits cuvelé implanté au contact de l’enclos, possible puits à saumure. Le site de Sorrus a livré une série d’objets en bois appartenant à l’équipement des sauniers de la fin de l’époque gauloise. On remarque en particulier la présence de plaques de forme hémicirculaire, percée d’un trou pour le passage d’un manche, qui semble appartenir à des palettes pour le raclage de la saumure.
Les ateliers des côtes normandes
Une série de petits ateliers est attestée entre les VIe-Ier s. av. J.-C. sur les côtes de la Manche, principalement entre la Baie du Mont-Saint-Michel et l’embouchure de la Seine. L’évolution des modes de production se caractérise par la succession de deux grands types de fourneaux à sel. Aux VIe-IVe s. av. J.-C., sont utilisés des fourneaux à piliers, qui sont équipés d’éléments-support de type piédestal, souvent à extrémité bifide. Le reste des éléments techniques est constitué, principalement, de boulettes de calage modelées. À partir du IIIe s. av. J.-C., on assiste au développement des fourneaux de type « à grille ». Ces types d’installations, qui seront utilisées jusqu’au début du Haut Empire, sont équipés de récipients de type cylindrique haut. Ces pièces évoluent vers des formes tronconiques au Ier s. apr. J.-C.
Les ateliers des côtes armoricaines
Sur les côtes du littoral nord de l’Armorique, sont attestées une série de petites unités de production, datées, pour l’essentiel, de la période gauloise récente. Ces installation, sans doute de type familial, combinent, en général, un fourneau et plusieurs réservoirs à saumure (Les Ébihens, Pleumeur-Bodou ; Côtes-d’Armor).
Une autre série d’ateliers de bouilleurs de sel sont distribués le long des côtes méridionales de l’Armorique, particulièrement aux environs du golfe du Morbihan. Les fourneaux de type à piliers apparaissent dans des contextes datés des VIe-Ve s. av. J.-C., comme dans l’atelier de la presqu’île de Guérande (Loire-Atlantique). Les fourneaux de type « à grille », équipés de pièces de type voûtains et entretoises, se généralisent au cours de la période suivante de l’époque gauloise récente (IIe-Ier s. av. J.-C.). Ces structures à grille fixe sont équipées de récipients à parois très fines en forme de barquettes tronc-prismatiques (augets)
Les ateliers des côtes de la Gironde
Dans le Pays-de-Retz, au sud de l’embouchure de la Loire, on observe, comme dans les ateliers des côtes de la Manche à l’Armorique, une évolution des modes de production, qui voit les fourneaux à saumure de type « à grilles » succéder aux fourneaux traditionnels de type « à piliers ». Cette transition paraît se situer à la fin du IVe s. ou dans le courant du IIIe s. av. J.-C., avec le passage à la période gauloise récente. Les fourneaux à piliers étaient équipés de récipients à saumure de forme tronconique à cylindrique. Les fourneaux à grille observés possèdent des chambres de chauffe excavées de plan rectangulaire, qui atteignent environ 2,50 m de longueur. Les grilles, assemblées au moyen de pièces de type voûtains et entretoises, recevaient des augets à parois fines, de type tronc-prismatique.