L’origine du sel

Le sel est présent dans l’eau de mer à raison de 3 %. Le sous-sol géologique renferme des dépôts de sel qui se sont formés par évaporation d’eaux marines principalement durant la période du Trias, il y 250 à 200 millions d’années. Ces accumulations forment des bancs de sel gemme (ou halite), qui peuvent atteindre plusieurs centaines de mètres d’épaisseur. En Europe, les principaux gisements sont en Pologne (Wieliczka) et en Allemagne (Stassfurt, en Saxe), ainsi qu’en Autriche, dans le massif alpin (Salzkammergut). En France, deux grands bassins salifères s’étendent dans les régions du nord-est : l’un est situé en Lorraine et l’autre en Franche-Comté.

Le bassin lorrain couvre une surface d’environ 200 kilomètres de longueur, depuis les environs de la vallée de la Seille, en Moselle, jusqu’en Champagne. Alors que les formations de sel gemme sont enfouies à une profondeur de 1500 m à l’ouest, elles affleurent presque à l’est, en Lorraine, où elles ne sont qu’à 60 m de la surface à Vic-sur-Seille. Le sel lorrain a été exploité depuis le XIXe siècle dans la mine de Saint-Nicolas à Varangéville (Meurthe-et-Moselle), qui est la dernière mine de sel encore en activité en France. À Dombasle, près de Lunéville (Meurthe-et-Moselle) le sel a été extrait par dissolution, en injectant de l’eau douce dans le sous-sol et en soutirant la saumure obtenue.

Les techniques d’extraction du sel

L’archéologie et l’ethnologie révèlent une grande diversité de techniques de fabrication du sel, passées et présentes. En fait, il n’existe schématiquement que trois moyens d’obtenir du sel :

  • En abattant directement des dépôts de sel gemme accessibles depuis la surface : c’est la technique des mines (comme celles de Hallstatt ou de Hallein, en Autriche), qui comprend également l’exploitation des sebkha du Sahara.
  • En soumettant des eaux naturellement chargées en sel à l’évaporation naturelle : c’est la technique des marais salants des périodes antiques et médiévales des côtes méditerranéennes ou atlantiques pour exploitée l’eau de mer; c’est aussi la technique employée au Niger pour exploiter la saumure de sources salées. On les appelle des salins ou des salines naturelles.
  • En faisant bouillir dans des fourneaux de la saumure, généralement obtenue par concentration d’eau de source salée ou par lavage de sédiments contenant du sel. C’est la technique des « poêles à sel » médiévales et modernes, mais aussi celle des « briquetages » protohistoriques, ou encore celle des salines artificielles du Manga, à l’ouest du Lac Tchad.

Les sources salées de la Seille

De Salonnes à Dieuze (Moselle), une portion de la vallée supérieure de la Seille d'une vingtaine de kilomètres renferme de nombreuses sources salées. Par une série de failles, les eaux de surface pénètrent dans le sol, où elles atteignent le toit du bassin salifère lorrain, enfoui entre 60 et 80 mètres de profondeur. Ces eaux diluent alors naturellement la roche de sel, qu’elles transforment en une saumure dont la salinité atteint 90 grammes/litre. La pression des dépôts sédimentaires accumulés au-dessus de ces poches souterraines de saumure fait remonter l’eau salée à la surface du sol, où se forment des sources salées. En s’imprégnant de sel, les sédiments environnants favorisent l’apparition d’une végétation halophile (dominée par la salicorne et le jonc de Gérard), qui signale la présence d’émergences de saumure.