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Les révélations du siècle de Louis XIV
Dès l’époque médiévale et moderne, la vallée de la Seille est une région stratégique, que se disputent l’Église et la noblesse, puis le Duché de Lorraine et le Royaume de France. À l’époque contemporaine, cette partie de la Lorraine est contestée entre la France et l’Allemagne. Les travaux de fortification de la place de Marsal entrepris à la fin du XVIIe siècle, sous le règne de Louis XIV, révèlent la présence d’une gigantesque accumulation de fragments de terre cuite sur laquelle est assise la ville. On lui donne le nom de briquetage. L’ingénieur royal Félix Le Royer de La Sauvagère (1707-1782) mène les premières fouilles pour en déterminer l’origine.
Par sa taille imposante, le « Briquetage de Marsal » est considéré alors comme l’œuvre des Romains. D’autres dépôts de débris de terre cuite sont identifiés alors à Moyenvic, ainsi qu’au domaine de Burthecourt, à Salonnes (Moselle).
Les fouilles allemandes de Johann-Baptist Keune (1901)
Durant la plus grande part du XIXe siècle, la raison de cet ouvrage prodigieux reste énigmatique. Le « Briquetage de la Seille » est tantôt attribué aux Francs, aux Gaulois, voire aux populations de « l’âge du Renne ».
Après l’annexion de l’Alsace-Moselle, des fouilles de grande ampleur sont réalisées en 1901 par le conservateur du musée de Metz, Johann-Baptist Keune (1858-1937). Ces premières recherches systématiques permettent d’attribuer ces vestiges à une industrie du sel, extrait de la saumure des sources salées, et datant de l’âge du Fer.
Dans le reste de l’Europe, comme en Allemagne, en Belgique et en Grande-Bretagne, les archéologues découvrent des formations de débris de terre cuite analogues à celles de la vallée de la Seille. Le terme « briquetage » s’impose alors dans la communauté scientifique internationale pour désigner ces accumulations de déchets de production du sel, résultant du chauffage de la saumure, puis du conditionnement des pains de sel dans des fourneaux et des moules en terre.
Le musée fantôme d’Armand Demange (1890-1940)
Agriculteur à Marsal, Armand Demange (1872-1948) entreprend des recherches de terrains sur le briquetage de Marsal et constitue un musée local dès les années précédant la Première Guerre mondiale. Installée au premier étage d’une des casernes Vauban, ce « musée du Briquetage » conservait des milliers de pièces archéologiques, qui ont disparu durant l’annexion allemande de la seconde guerre mondiale.
Les recherches de Jean-Paul Bertaux (1969-1980)
Dans les années 1970, des campagnes de sondages sont entreprises par Jean-Paul Bertaux, ingénieur au Service régional de l’Archéologie de Lorraine. Ces travaux permettent d’établir une première carte générale des accumulations de briquetage dans la vallée, ainsi qu’une première identification des différents types d’éléments techniques en terre cuite utilisés pour produire le sel.