Un matériau omniprésent

Les outils en silex sont singulièrement nombreux et variés à Mari. Leur étude éclaire les traditions techniques observées sur le Moyen-Euphrate au IIIe millénaire et témoigne de l’ampleur des échanges qui se nouent au contact de la Mésopotamie du nord et du pays de Sumer et d’Akkad. 

Les sources d’approvisionnement 

Le silex est présent en abondance dans l'environ immediat de Mari. Des galets de petit module sont naturellement disponibles dans les alluvions de l’Euphrate, tandis que des volumes plus importants se retrouvent dans le lit des wadis qui incisent localement le plateau calcaire, en rive droite du fleuve. Au fil de l’histoire de la ville, ces matières premières ont constitué, dans des proportions variables et selon des stratégies distinctes, les ressources privilégiées pour la fabrication de l’outillage en pierre.

D’autres matériaux ont toutefois circulé à plus longue distance, sous l’aspect de supports bruts ou de produits finis : leur diffusion s’établit parfois sur plusieurs centaines de kilomètres, depuis la steppe syrienne, les marges du désert arabique, la haute vallée de l’Euphrate, le Bassin du Khabour ou encore le Haut-Tigre – voire depuis l’Anatolie centrale pour les objets en obsidienne. Leur présence éclaire le dense réseau de relation établi par la métropole du Moyen-Euphrate avec les régions voisines, avec lesquelles elle entretient de longue date des contacts réguliers, mais également avec des zones d’approvisionnement plus lointaines dont la sollicitation mobilise d’importants relais commerciaux.

Une riche documentation

Ces différentes ressources ont été avantageusement exploitées par les habitants de Mari tout au long du IIIe millénaire : à la faveur des 47 campagnes de fouille conduites sur le site entre 1933 et 2010, les archéologues ont pu constituer une documentation extrêmement riche, de près de 4000 artefacts, qui renseigne la quasi-totalité des contextes stratigraphiques explorés pour les trois grandes phases urbaines.