Parce qu’elle met en jeu à parts égales l’aviation, la marine et les forces terrestres, l’opération Neptune implique une organisation rigoureuse et contraint le choix du jour et de l’heure du Débarquement.

Acheminer les forces d’assaut

La flotte de Neptune est répartie en deux grandes forces. La Western Task Force (contre-amiral Kirk) est chargée de déposer les troupes de la 1re armée américaine sur les plages d’Utah et d’Omaha. La Eastern Task Force (contre-amiral Vian) doit mettre à terre les forces de la 2e armée britannique sur les plages de Gold, Juno et Sword.

Dans chacun des cinq secteurs, une première force regroupe les transports et les bâtiments de débarquement, et une seconde les bâtiments de soutien, dont l’artillerie doit viser les batteries allemandes. Après s’être regroupés à 30 km au sud-est de l’île de Wight, au point Z (surnommé Piccadilly Circus), les convois doivent emprunter dix chenaux précédemment déminés et balisés.

Au total, 1200 bâtiments de guerre et 5700 navires de transport (dont 4266 Landing Ships et Landing Crafts) doivent assurer le débarquement de 130 000 hommes et 20 000 véhicules durant les trois premières marées.

Définir le Jour J et l’Heure H

Le manque de barges de débarquement oblige le général Eisenhower à repousser à juin l’offensive initialement prévue en mai, afin de disposer d’un mois de production supplémentaire.

La date de l’assaut se trouve contrainte par les choix tactiques des stratèges alliés de débarquer à l’aube (afin de traverser la Manche sous le couvert de l’obscurité) et au terme d’une nuit de pleine lune (pour faciliter l’action des forces aéroportées). Il est aussi décidé de débarquer à mi-marée montante pour limiter la distance à parcourir à découvert tout en laissant visibles une partie des obstacles sous-marins installés par les Allemands. En juin, ces critères combinés restreignent les dates possibles aux 5, 6 et 7 juin. Compte tenu du décalage de la marée, l’heure H est fixée à 6 h 30 pour le secteur américain, 7 h 25 pour Sword et Gold et 7h45 pour Juno où le platier rocheux en avant des côtes doit se trouver ainsi submergé. Les premières lueurs du jour serviront aux bombardements préliminaires des positions allemandes.

À cela s’ajoutent des contraintes météorologiques, notamment des vents réduits et une bonne visibilité pour permettre les manœuvres des forces navales et garantir l’efficacité de l’aviation.