- Home
- Les découvertes
- L'habitat gaulois
- Les oppida
- Le "murus gallicus"
Il est étonnant que ces levées de terre qui protègent les oppida aient résisté à l'usure du temps. Leur mode de construction y est probablement pour quelque chose. Ce ne sont pas seulement des amas de terre. César a bien décrit comment était édifié ce type de "murus gallicus" dont les fouilles ont confirmé la présence. La terre et les pierrailles étaient tassées dans des coffrages constitués de grosses poutres verticales et surtout horizontales. Ces poutres étaient maintenues entre elles par d'énormes clous ou par des fiches métalliques. La cohésion de l'ensemble est remarquable. Ces remparts résistent bien aux machines de guerre romaines, d'autant qu'un parement extérieur les renforçait parfois, comme à La Chaussée-Tirancourt (Somme). Au XVIIe s. et au début du XVIIIe s., les archéologues s'intéressaient beaucoup à ces ensembles fortifiés. Ces oppida frappaient l'imagination par leur ampleur, ampleur que les artistes n'hésitaient pas à accentuer dans leurs représentations!
Grande levée de terre du "Camp de César" à Liercourt-Erondelle (Somme).
Liercourt-Erondelle (Somme). Vue d'ensemble de cet éperon barré, avec ses abrupts naturels. Les flèches indiquent la grande levée de terre.
Beaucoup de ces oppida sont incontestablement antérieurs à la conquête de la Gaule. Il arrive d'ailleurs qu'ils se superposent à des retranchements de l'Âge du Bronze, comme par exemple à Vieux-Moulin (Oise). Les fouilles récentes confirment une édification antérieure à la conquête, comme à La Cheppe (Marne). Mais il est acquis que les Romains ont réoccupé par la suite certains oppida. Les recherches récentes semblent montrer qu'ils les ont parfois renforcés et, peut-être même dans de rares cas, édifiés. Ainsi, à La Chaussée-Tirancourt (Somme), il semble que les Romains aient adopté les techniques sophistiquées et efficaces du murus gallicus.
La chronologie des oppida pose encore des problèmes. Certains ont joué un rôle lors de la Guerre des Gaules et même après. Pour La Chaussée-Tirancourt (Somme), la réoccupation de l'oppidum se prolonge jusque vers les années 20 avant J.-C. On commence à se demander s'il n'est pas, en réalité, entièrement l'œuvre des Romains qui auraient fait construire un murus gallicus? (Fichtl, 1994). Manifestement, César avait été impressionné par l'ingéniosité et l'efficacité de ce type de fortification.