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Grande voie d'Empire reliant Lyon à Boulogne-sur-Mer, près d'Amiens à St-Vast-en-Chaussée (Somme).

Boulogne-sur-Mer (Pas-de-Calais) et son enceinte fortifiée.

Une longue période de paix et de prospérité

Malgré quelques troubles, une guerre civile en 69-70 après J.-C. et surtout un raid de barbares vers 175, la paix romaine s'installe dans le Nord de la France. Jamais on n'assista à une telle fièvre de bâtir : des villes d'abord, à l'initiative d'Auguste en 27 avant J.-C., car pour Rome, l'urbanisation est le symbole même de la civilisation.

Des villes ouvertes fort étendues

On crée des villes de toutes pièces, selon des plans préalablement établis, partiellement orthogonaux, et que l'on dote de grands monuments publics (temples, thermes, forum...), car il fallait s'imposer et "en imposer" aux autochtones. La ville de Samarobriva (Amiens), la cité des Ambiens, a été particulièrement étudiée. Elle est plus puissante que Lutèce (Paris) : au milieu du 1er siècle, elle couvre déjà une superficie de 40 hectares et atteint 160 hectares à son apogée.
Ce n'est que vers 275 qu'elle s'entoure de remparts sur une vingtaine d'hectares, à la suite des terribles dévastations barbares échelonnées à partir de 254 (Massy, Bayard 1983). Les autres villes antiques de la Gaule du Nord suivent le même schéma d'évolution. Malheureusement, comme c'est souvent le cas, les villes d'aujourd'hui cachent les états antérieurs. Ainsi, généralement, rien n'est visible d'avion.

Les voies de communication anciennes

Le premier réseau de voies est essentiellement militaire. Il s'agit de celui d'Agrippa, mis en place en 19 avant J.-C. Ces voies romaines sont encore bien repérables sur les clichés aériens. Elles ont pour but de relier entre elles les villes, chefs-lieux des cités (civitates), et de servir les objectifs impérialistes et militaires de Rome. Elles permettent, en outre l'accès à la mer : c'est le rôle de la grande voie d'Empire qui relie Lyon (Lugdunum), Amiens (Samarobriva), et Boulogne-sur-Mer (Gesoriacum), port de première importance, surtout après l'invasion de l'Angleterre par Claude en 42 après J.-C. et les guerres qui s'en suivent. C'est la seule ville du Nord qui restera constamment fortifiée.

Les courriers officiels circulent aussi rapidement que possible sur ces voies grâce au cursus publicus organisé par Auguste. Un peu comme sur nos autoroutes, on trouve des relais (mutatio), des gîtes d'étape (mansio), avec leur taverne (taberna), des restaurants (caupona), et des entrepôts (horrea).

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Relais routier à Abbeville-Saint-Lucien (Oise).

Sur la coupe de terrain, parallèle à la voie romaine, les travaux ont révélé un grand vicus.

Un vicus routier à Vermand (Aisne).

La chaussée empierrée, très étroite, est encadrée par deux bandes de terrain de vingt mètres chacune, puis d'anciens fossés.

Cette voie coloniale, en Afrique, ressemble à nos voies antiques. Indigènes et troupeaux empruntaient les larges bermes en terre battue.

Voie privée en cavée allant de la grande villa gallo-romaine vers le fond de vallée.

Les voies romaines

Les relais routiers des voies romaines sont rarement repérés d'avion comme à Abbeville-Saint-Lucien (Oise), peut-être à Rogy (Somme), et au Quesnel (Somme). Il semble que la plupart des vici routiers soient dissimulés par les agglomérations actuelles.
D'autres, tel que celui d'Andechy (Somme), ne sont pas cachés par des constructions modernes, mais cependant restent invisibles d'avion, probablement parce qu'il s'agissait de constructions hétéroclites et légères. Elles sont observables lors d'excavations faites au moment de grands travaux. Rares sont les vici routiers visibles comme à Vermand (Aisne).

Des voies rectilignes

Les prospections aériennes ont montré que, de part et d'autre d'une étroite partie centrale, généralement empierrée (sans doute réservée aux courriers officiels ou à l'armée), existaient de larges bandes de terrain, délimitées par des fossés et dont la présence a été confirmée par des fouilles. Ces larges chemins latéraux en terre battue devaient être utilisés par les autochtones et leurs troupeaux. On retrouve le même dispositif au XIXe siècle dans les colonies.

Ces voies courent tout droit, sur des espaces dégagés et déboisés, de préférence les plateaux, afin d'éviter les embuscades… Les grandes villas sont presque toutes implantées à quelques centaines de mètres de part et d'autre. Les villes et les agglomérations secondaires étaient reliées par ces viae publicae bien que certaines d'entre elles soient situées sur un diverticule rectiligne oblique à la voie romaine principale. C'est le cas à Vendeuil-Caply (Oise).

Ces diverticules font probablement partie du vaste réseau secondaire (viae vicinalis), bien visible aussi d'avion. Dans certains cas, ils se superposent à des axes gaulois. Il existe aussi des voies romaines non empierrées, disposées en cavée, dont certaines devaient être privées (viae privatae), comme celles qui partent des villas.