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- "Les fous volants"
De 1952 à 1962, une première génération de pionniers publièrent des clichés révélateurs de l'intérêt de la prospection aérienne pour l'archéologie. Citons Bernard Edeine, Pierre Parruzot, René Dielh, Roger Chevallier, Bernard Chertier, Robert Ertlé, Daniel Jalmain, René Goguey et Roger Agache qui prospecta avec acharnement et montra que les prospections hivernales systématiques sur sols nus étaient plus efficaces que les prospections printanières (anomalies de la croissance des cultures), à l'inverse de ce que l'on croyait unanimement depuis la sortie du beau livre d'O.G.S. Crawford, en 1929.
La plupart de ces spécialistes, des "fous volants" comme on se plaisait à les dépeindre, échangeaient leurs idées en se rencontrant régulièrement aux séminaires de topographie historique et photo-interprétation dispensés à l'École Pratique des Hautes Etudes par le professeur Raymond Chevallier.
Christian Goudineau a parlé de "L'apport ahurissant de ces fous volants pilotant d'une main leur drôle de machine et tenant de l'autre un appareil photographique de trois sous".
Enceinte quadrangulaire de la fin de la période gauloise à Condé-sur-Aisne (Aisne). Photo Roger Chevallier, 1957.
Enceinte Néolithique de Noyen-sur-Seine (Seine et Marne). Photo D. Jalmain, 1960.
Leurs appareils photographiques de "premiers communiants" et leurs "trottinettes d'aéro-clubs" faisaient sourire les militaires qui disposaient de gros moyens techniques. Comme la plupart des spécialistes, ils ne juraient que par les couvertures aériennes à haute altitude. Nombre d'universitaires étaient aussi incrédules, car ils estimaient que c'était trop beau pour être vrai.
Toutefois, ce fut le colloque international d'archéologie aérienne, organisé à Paris en 1963 par le professeur Chevallier qui marqua une étape décisive en France mais aussi à l'étranger. On prit alors véritablement conscience de l'intérêt des résultats déjà obtenus avec des moyens ridicules.