Itinéraire dit « Table de Peutinger » représentant l’Occident romain. On voit Lutèce s’inscrire dans le réseau des routes de l’Empire. Une copie du XVe siècle du document du IIIe siècle est conservé aujourd’hui à la bibliothèque de Vienne. 
Edition Ernest Desjardins, 
Paris, 1869. BNF.

On peut distinguer dans l’urbanisme de la ville gallo-romaine une orientation dominante que l’on doit à des considérations d’ordre topographique. Il fallait en effet s’appuyer sur un axe permettant de franchir, à la perpendiculaire, le fleuve et ses abords marécageux. L’existence d’un chapelet de monceaux et d’îles formant autant de piles de pont naturelles semble ainsi avoir été déterminante pour l’implantation de ce que les Anciens nommaient le cardo maximus, c’est-à-dire le principal axe nord / sud d’une fondation urbaine.

A Lutèce, cette voie faisait la jonction entre la rive gauche, le chapelet d’îlots formant l’île de la Cité, et la rive droite.

La date de sa construction, connue par l’étude dendrochronologique des pieux en bois retrouvés sous son premier état, remonterait au plus tôt à l’an 4 de notre ère, soit plus de cinquante ans après la conquête romaine. Pour l’heure, rien n’indique que cette voie existait déjà à l’époque gauloise, ni même qu’il existait un autre passage possible à la hauteur de Paris.

En fait, bien plus que l’axe fondateur de la ville romaine, le cardo de Lutèce est la section urbaine d’une route permettant de franchir la Seine. Il n’est donc pas étonnant de voir, rive gauche comme rive droite, d’autres routes importantes s’y greffer pour bénéficier de ce franchissement. Ainsi, Lutèce apparaît comme une « ville-pont » prenant place dans le grand réseau routier de la Gaule romaine, comme semblent l’attester l’archéologie et des documents tels que la Table de Peutinger.