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Piles de l’aqueduc de Lutèce dans le val d’Arcueil-Cachan en 1585-1586. Dessin d’Arnold Van Buchel. Bibliothèque d’Utrecht.

Sépultures antiques découvertes au début du XVIIe siècle à l’emplacement de l’hôtel d’Anjou. Reproduites par Paul Petau. Bibliothèque de l’Institut. On peut remarquer avec quelle minutie l’ « antiquaire » a pris soin de relever et de dessiner le mobilier archéologique, ce qui en fait un document encore exploitable par les archéologues d’aujourd’hui.

Prodiges et légendes au Moyen-Age

Dès la période médiévale, les quelques découvertes d’objets antiques signalées dans les sources littéraires donnent lieu à l’élaboration de véritables légendes. Ainsi Grégoire de Tours, le célèbre chroniqueur du VIe siècle, relate la mise au jour, dans un caniveau de la ville, d’un loir et d’un serpent en bronze, signe prémonitoire, pour les contemporains, d’une destruction de la cité par le feu. Au XIIe siècle, les « arènes » sont déjà présentées comme « un grand cirque […] aux ruines immenses ». Au XIVe siècle, des murailles démolies lors du creusement d’un fossé sont attribuées aux Sarrasins : on les identifie maintenant comme les vestiges d’une partie du forum.

Les antiquaires de l’époque moderne

Ce n’est qu’à l’époque moderne qu’apparaissent les premières velléités d’interprétation raisonnée des vestiges. Les découvertes funéraires font l’objet de nombreux comptes rendus où émerge l’esprit scientifique. Ainsi, Henri Sauval, le premier grand historien de Paris, raconte de façon très circonstanciée la mise au jour de tombes, de mausolées et d’inscriptions ; Paul Petau dessine avec précision les sépultures antiques et leur mobilier. Les savants commencent également à s’interroger sur la nature des ruines de la colline de Montmartre, qu’ils pensent à juste titre d’origine païenne. La découverte du Pilier des nautes en 1710, avec sa dédicace à Tibère et ses représentations mystérieuses donne lieu à de nombreux commentaires auxquels participe le grand Leibniz. L’intérêt pour les vestiges monumentaux suscite de nombreuses interrogations. Ainsi, l’antiquité des thermes de Cluny est reconnue même si leur destination demeure largement légendaire : palais de César, de Julien ou des rois mérovingiens. 

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Les thermes de Cluny juste avant leur dégagement sous la monarchie de Juillet. Gravure de Jean-Baptiste Jollois, 1843. 
©P. Cadet / CMN.

Maisons romaines, extrait des manuscrits de Th . Vacquer. 
©BHVP

Céramiques sigillées découvertes sous le premier Empire dans les jardins du Luxembourg. 
Gravure de Claude Grivaud de la Vincelle, 1807. 
©P. Cadet / CMN.

Les érudits du XIXe siècle

Sous la Restauration et la monarchie de Juillet, l’archéologie parisienne intéresse de nombreux érudits. Parmi ceux-ci, on peut citer Dulaure, le premier à signaler la présence, dans l’île de la Cité, d’un tronçon de l’enceinte du Bas-Empire, observé lors de la démolition d’une église. Le personnage le plus remarquable est incontestablement Jean-Baptiste Jollois, un des archéologues de l’Expédition d’Égypte. Sous des cieux moins exotiques et en tant qu’ingénieur des travaux de la Ville de Paris, il signale, au cours de terrassements, la mise au jour de voiries et de tombes antiques et, surtout, publie des études illustrées de très intéressantes gravures de l’aqueduc et des thermes de Cluny.

La naissance de l’archéologie parisienne

C’est avec Théodore Vacquer (1824-1899) que naît véritablement l’archéologie parisienne. Cet architecte à la personnalité pittoresque exerce, sous diverses fonctions dans l’administration parisienne, des surveillances de chantiers, puis est nommé sous-conservateur au musée Carnavalet dont il crée les salles archéologiques. C’est à lui que l’on doit l’essentiel de la redécouverte du Paris antique, de ses monuments et de son système de voirie qu’il a pu observer lors des grands travaux haussmanniens. Auparavant, on ne concevait le plan de la ville romaine qu’à partir des textes antiques, tâchant tant bien que mal de faire coïncider les découvertes ponctuelles avec ces sources. Malheureusement, les recherches de Th. Vacquer ne restèrent qu’à l’état de notes et il faudra attendre 1912 pour que Félix-Georges De Pachtere exploite ces précieuses archives et propose, pour la première fois, une vision synthétique de la naissance de la ville dans son ouvrage Paris à l’époque gallo-romaine. Paul-Marie Duval reprend ces travaux en insistant sur les données monumentales, apportant la deuxième contribution fondamentale pour la connaissance des origines de Paris dans son ouvrage Paris antique publié en 1961.