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- La Lutèce gauloise
La seule mention de la Lutèce gauloise se trouve dans La Guerre des Gaules, où César nous apprend qu’il s’agit d’un oppidum des Parisii, et qu’à l’instar de l’oppidum des Sénons, il était situé dans une île de la Seine. À partir de cette source littéraire, les historiens ont généralement associé l’oppidum des Parisii à l’île de la Cité, faisant de la principale île parisienne le berceau de la ville actuelle.
Un oppidum sur l’île de la Cité ?
Cette localisation s’appuie sur plusieurs évidences. Tout d’abord, telle qu’elle apparaît à l’époque historique, cette île est la plus importante du site parisien.
Ensuite, c’est sous la cathédrale Notre-Dame qu’ont été découverts, en 1711, les éléments du Pilier des Nautes sur lesquels se trouvaient représentées et désignées, entre autres, des divinités provenant du panthéon gaulois, bien que le monument soit un témoignage de la romanisation. Par ailleurs, la voie romaine fondatrice qui traverse l’île du nord au sud prouve que celle-ci était reliée aux deux rives du fleuve par des ponts qui auraient succédé à ceux mentionnés par César. Enfin, la comparaison que fait le général romain avec l’île de Melun, dont la topographie actuelle rappelle beaucoup celle de Paris, est un argument supplémentaire.
Une identification discutable
Cette identification présuppose en effet une relative permanence de la configuration des îles et du cours de la Seine depuis la Protohistoire, ce qu’infirment les récentes fouilles sur les berges. Il apparaît en particulier que l’aspect actuel de l’île a été fixé par l’établissement de quais à l’époque romaine. Il faut donc restituer un agrégat d’îlots autour d’une île principale dont la superficie originelle n’excédait pas 9 hectares. Enfin, et surtout, les multiples fouilles menées sur l’île n’ont jusqu’à présent jamais révélé de niveau datable de la période gauloise (ni fortification, ni niveau d’incendie, ni trace d’urbanisation).
Malgré ce manque d’adéquation entre la source historique et les sources archéologiques, on ne peut exclure formellement que l’oppidum ait été établi dans l’île de la Cité : il existe peut-être plusieurs explications possibles à cette absence de vestiges. Le terme « oppidum » peut avoir été utilisé pour désigner une fortification qui n’aurait été réalisée que très peu de temps avant la conquête et qui n’aurait laissé que de faibles traces rapidement effacées par les fréquentes crues du fleuve et par les aménagements consécutifs à l’urbanisation du site au Haut-Empire.
Cependant, la recherche récente prouve que d'autres lieux dans la périphérie immédiate de la ville de Paris actuelle présentent une topographie coïncidant avec les sources et constituent d'excellents candidats à la Lutèce gauloise.
D’autres localisations
Il est parfaitement possible que l’oppidum incendié se soit situé dans une autre île ou langue de terre maintenant disparue. Plusieurs sites parisiens sont susceptibles de correspondre à la description de César.
- Ainsi, l’espace compris entre l’ancien bras de la Seine sur la rive droite et le cours actuel offre une zone protégée par des marécages, mais aucune découverte ne vient étayer cette hypothèse.
- L’île Saint-Louis a livré quelques vestiges au niveau des berges, mais ces découvertes sont peu documentées.
- Sur la rive gauche, au niveau du pont Sully, se trouve une succession de niveaux allant du Néolithique à la fin de la période romaine, sans qu’il soit possible de préciser la nature de l’occupation gauloise.
À la recherche de l’oppidum perdu
La présence gauloise sur le site de Paris, au moment de la guerre des Gaules, demeure encore bien lacunaire. La découverte d’éventuels vestiges de l’oppidum reste encore à faire. Que la Lutèce romaine ait été déplacée de quelques kilomètres par rapport à son emplacement protohistorique ne doit pas surprendre, car c’est un cas de figure classique pour les capitales de peuples gaulois. Mais ces déplacements sont généralement accompagnés d’un changement de nom. Le maintien de celui de Lutèce à la période romaine suggère que l’oppidum gaulois ne devait pas se trouver bien loin.