La nature et la datation des premières occupations romaines sur le site de Lutèce après la conquête et la destruction de l’oppidum des Parisii demeurent mal connues.

Du mobilier « précoce »

La découverte, sur la Montagne Sainte-Geneviève, d’un mobilier archéologique datant de la deuxième moitié du Ier siècle av. J.-C. (monnaies gauloises et romaines de la fin de la République, importation de céramiques italiennes) peut laisser croire que le site a été réoccupé assez rapidement après la conquête.

Next slide
Previous slide

Rare exemplaire, en Gaule du Nord, d’une monnaie officielle d’Octave frappée en Campanie en 38 av. J.-C. avec la mention DIVOS IVLIUS (Divin Jules).

© CVP. Musée Carnavalet, Paris.

Rare exemplaire, en Gaule du Nord, d’une monnaie officielle d’Octave frappée en Campanie en 38 av. J.-C. avec la mention DIVOS IVLIUS (Divin Jules).

© CVP. Musée Carnavalet, Paris.

Monnaie gauloise de bronze attribuée aux Parisii, avec la mention ECCAIOS (peut-être un chef local ?).

Seconde moitié du Ier siècle av. J.-C.

© Musée Carnavalet, Paris.

Une origine militaire ?

Par ailleurs, la mise au jour de quelques fragments métalliques pouvant faire partie de la panoplie militaire romaine et les restes de pratiques culinaires indiquant une certaine romanisation pourraient conduire à formuler l’hypothèse d’une première occupation par des troupes auxiliaires de l’armée de Rome. La fonction de ce cantonnement aurait donc été de contrôler la Seine et de surveiller un peuple capable de bloquer cet endroit stratégique.

Dans cette hypothèse, la découverte d’une sépulture masculine associée à un mobilier comportant notamment une épée gauloise et un lot de fragment d’amphores vinaires italiennes pourrait prendre toute sa signification.

Des occupations difficiles à interpréter

Les structures antérieures à l’urbanisation augustéenne ne sont pas bien connues, le terrain ayant été recouvert d’un remblai général de construction. A partir de 30 à 25 av. J.-C., l’existence d’un premier parcellaire est connue par des traces, ténues et peu nombreuses, qui consistent en fossés, trous de poteaux et sablières basses.

Ce n’est qu’aux alentours du changement d’ère que se mettent en place un plan d’urbanisation et une mise en parcelles, matérialisés par endroit par des fossés. Les limites parcellaires et l’axe des voies dessinées aux origines de la ville sont souvent conservés pendant toute l’Antiquité.

Un auxiliaire gaulois de l’armée romaine

La découverte, en 1974, dans une annexe du Sénat, d’un squelette humain enfoui dans un puits et accompagné d’un abondant mobilier constitue le plus important témoignage d’une présence humaine entre la fin de l’Indépendance et la fondation de la ville romaine. Mis au jour à l’emplacement d’un quartier périphérique de la ville antique, ce puits a été creusé et comblé avant l’urbanisation romaine.

Next slide
Previous slide

Reconstitution de l’« homme du Sénat » découvert au fond d’un puits dans une annexe du Sénat. Il s’agit peut-être d’un cavalier auxiliaire gaulois au service de Rome.

Restitution par © M. Poux et V. Cheval.

Boucle de ceinturon de l’« homme du Sénat ».

© Palais du Luxembourg.

Vue générale du mobilier et d’une partie des amphores.

© M. Paturange / CVP.

Un mobilier hétéroclite 

Le mobilier accompagnant le squelette d’un homme de 35 ans permet de dater et d’identifier assez précisément ce personnage. Il était habillé d’un vêtement maintenu par deux fibules gauloises en fer, portait une ceinture dont la boucle, d’origine romaine, a été retrouvée ; il était équipé d’un fourreau d’épée gaulois et d’une pierre à aiguiser, et un clou, découvert à proximité, pourrait être celui d’une sandale militaire romaine. Le reste du dépôt comporte de nombreux fragments d’amphores à vin italiques, quelques tessons de céramique indigène, une monnaie gauloise avec l’inscription VENEXTOS et de nombreux ossements d’animaux.

Cette sépulture datée entre 60 et 30 av. J.-C. pourrait être celle d’un cavalier auxiliaire issu de l’aristocratie gauloise au service de l’armée de la fin de la République, ce qui explique la conjugaison des éléments provenant des panoplies militaires gauloise et romaine. La forme de cette tombe – un puits dans lequel on a déposé ou précipité un corps avec armes et vêtements - surprend, et on ne peut pas complètement écarter l’hypothèse d’un sacrifice humain ou d’une exécution.