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La situation de la Syrie au Xe siècle
L’empereur byzantin Romain Ier Lécapène (920-944) lança en 927 les premières campagnes de reconquête de la Syrie et de la Mésopotamie. Saif ad-Dawla offrit au milieu du Xe siècle une résistance victorieuse aux troupes byzantines. Mais en novembre 960, son armée fut complètement défaite par l’armée byzantine qui, deux ans plus tard, sous la direction de Nicéphore Phocas et de Jean Tzismiskès, s’empara d’Alep (décembre 962). Devenu empereur, Nicéphore Phocas (963-969) reconquit la Cilicie et Chypre en 963-965. À l’automne 968, cet empereur, se retirant de Syrie après la conquête des cités côtières d’Antarados, Marakeia et Gabala, prépara la prise d’Antioche en bâtissant à Pagrai (Bagras) une place forte. Il y laissa en garnison 500 cavaliers et 1000 fantassins aux ordres de général Michael Bourtses avec pour mission d’isoler la ville et de la contraindre à la reddition. Outrepassant les ordres, ce dernier pénétra dans la cité en octobre 969. Mais il se heurta à la résistance acharnée des défenseurs musulmans de la ville et ne dut son salut qu’à l’arrivée de renforts.
Au XIe siècle
Une fois conquise, la ville fut défendue et organisée en un duché d’Antioche, qui fut le commandement militaire le plus élevé de l’empire byzantin et dont les titulaires furent de grands généraux (Bardas Phocas, Nicéphore Ouranos, le vainqueur des Bulgares en 996-997, Nicéphore Botaniate qui devint empereur en mars 1078), et souvent proches parents des empereurs régnants. Toutefois, des dissensions internes minèrent le pouvoir byzantin sur cette région. Le duc d’Antioche prit en 1071 le parti de Romain IV Diogène contre son successeur l’empereur Michel VII Doukas (1068-1071). L’armée du duché fut écrasée par l’armée impériale près de Tarse en Cilicie. À partir de cette date, les ducs d’Antioche furent sur la défensive contre les attaques seldjoukes, mais ne purent plus reprendre l’offensive. En décembre 1084, Suleyman Ibn Kutlumus, le sultan turc de Nicée (1077-1085), s’empara par surprise d’Antioche.
L'attaque de Qal‘at Sem‘an
Le territoire du Duché arrivait jusqu’aux limites ouest du Djebel Sem‘an. Qal‘at Sem‘an, qui avait été une première fois fortifié par le patriarche Christophoros (d’où son appellation de kastron dans l’inscription grecque qui commémore le fait), fut occupé par les Byzantins et re-fortifié en 979 : l’inscription bilingue (grec et syriaque) mentionne les empereurs byzantins Basile II et Constantin VIII. Mais la citadelle fut aussitôt attaquée et prise. En 983 ou 985, après 3 jours de siège, l’armée de l’émir d’Alep Sa‘ad al-Dawla s’empara du site et tua quelques moines, pendant que l’armée byzantine, sous la direction de Bardas Phocas, tentait de conquérir la citadelle d’Apamée. L’annonce de la prise de Qal‘at Sem‘an l’amena à renoncer à son projet pour obtenir en contrepartie le retrait des Alépins. Mais en 1017, l’armée fatimide ravagea à nouveau Qal‘at Sem‘an et l’incendia. Le site ne se releva pas de cette nouvelle attaque et le poète Abu Ziyya célébra ce triste sort dans des vers nostalgiques :
Couvent de Saint-Siméon, dis-moi où est Sim‘ān.
Où sont tes constructeurs ? Quand ont-ils disparu ?
Où sont tes habitants qui se sont évanouis
Et qui sont devenus un peuple de poussière ?
Et toi, désert et ruine à leur image usée
Par la mort, à l'instar de ‘Amrū et de ‘Umr ān.
Ignorant que je suis ! Comment peut-il répondre ?
Le muet pourrait-il se targuer d'éloquence ?
Pourtant, j'ai cru entendre une réponse implicite :
« Ils furent, et il suffit que tu saches qu'ils furent ».