Dans son programme de recherche initial, la mission française de Qal'at Sem'an s'est consacrée aux monuments majeurs inclus dans le périmètre de la mandra (enceinte sacrée du sanctuaire) : église martyriale cruciforme, baptistère et propylée. La reprise systématique de la topographie du site dans les années 2000 avec des moyens plus performants, GPS notamment, a permis d'élargir la prospection archéologique à tout l'ensemble formé par le sanctuaire avec le village de Telanissos (actuel Deir Sem'an) et de travailler sur la totalité du terroir. En partenariat avec l'École Nationale des Sciences Géographiques (ENSG) et plus tard avec l'unité mixte de recherche 3495, Modèles et simulations pour l'Architecture et le Patrimoine, un relevé lasergrammétrique et photogrammétrique a permis d’avoir une documentation de très haute résolution de quasi la totalité du site.

De nouvelles méthodes numériques

Les opérations de scanner et de topométrie étaient intimement liées. À partir de la somme des données métriques géo-référencées de l'ensemble bâti et de certains objets et blocs moulurés, nous avons pu produire avec un degré élevé de précision toutes les représentations en plan, coupes et élévations pour décrire l'existant et émettre des hypothèses sur les états antérieurs.

Le relevé des structures en place et l'étude des blocs à terre contribuent à l'anastylose numérique qui se conçoit globalement en volume. La numérisation a permis d'assurer, pour les secteurs étudiés, la quasi-complétude de la documentation métrique des élévations conservées, de ne plus limiter les mesures à la préparation d'une série prédéfinie de coupes et élévations, d'intégrer tous les écarts et déformations par rapport aux formes idéales et de disposer en permanence du monument virtuel. Plus que la simple dématérialisation des supports documentaires, la numérisation des objets constitue un enrichissement qualitatif et quantitatif des mesures. L’objectif de ce travail est la restitution virtuelle complète de l'ensemble du site et du village.