Centre de pèlerinage

Situé à une trentaine de kilomètres à l’ouest d’Alep, en limite ouest du Djebel Sem‘an, sur la route qui menait au nord à Cyrrhus et au sud à la grande voie qui reliait Alep à Antioche, l’ensemble formé par le village de Telanissos, Deir Sem‘an actuel, et le monastère dédié à Syméon le premier stylite forme un grand complexe de pèlerinage comparable à celui d’Abou Mina en Egypte. Il symbolise à double titre le monachisme syrien, à la fois par l’ascèse de la vie du saint, qui invente donc le stylitisme, c’est à dire la station permanente sur une colonne, et par la réussite de ses moines qui transparaît dans l’ampleur du programme architectural qui se met en place peu après sa mort (459), sans doute autour des années 470.

On voit petit à petit s’accroître son influence géographique et sociale : au début, les malades viennent des villages proches, à trois milles de Tel Neshe, puis d’Alep et d’Antioche. Il exerce ensuite son apostolat sur les bédouins (Ismaélites ou Sarrasins) qu’il convertit. Au-delà des individus, il s’adresse à des communautés, notamment des villages avec qui il passe de véritables pactes de protection s’ils observent les règles de Dieu.

La renomée du Saint

Il s’acquiert ainsi au fil des ans une très grande réputation à travers tout le monde romain, mais aussi chez les Perses, les Arméniens, les Georgiens et les Homérites (ou Hymarites dans l’Arabie du sud-ouest), jusqu’aux nomades scythes (à savoir ceux de la rive nord de la Mer Noire). Vénéré par les artisans de Rome, nous rapporte Théodoret, il était visité par des Espagnols, des Britanniques et des Gaulois. Sa clientèle comprenait un gouverneur d’une ville de Palestine, celui de Damas, le roi et la reine des Ismaélites, un roi bédouin pro-perse, Naaman, qu’une apparition du saint a profondément impressionné, des gouverneurs et la famille régnante des Sassanides, Théodose II et ses sœurs. De fait, Grégoire de Tours mentionne à deux reprises Saint-Syméon, et la vie de Sainte-Geneviève indique que la sainte parisienne avait entendu parler de Syméon. Enfin, sa forme d’ascétisme, le stylitisme, est copiée, non seulement en Syrie, mais dans de très nombreuses régions, y compris, dans les années qui suivent la mort du saint, à Constantinople où s’installe son disciple Daniel.