Le recul urbain

À partir du milieu du IIIe siècle et jusqu’à la fin du IVe siècle se produit un phénomène de désaffection progressif de la ville romaine de la rive gauche. Cela est tout d’abord perceptible dans l’abandon de la nécropole du Haut-Empire et l’implantation de petits groupes de sépultures dans la ville même, ce qui est contraire à l’usage classique qui préconisait la séparation du monde des vivants de celui des morts. Puis, la plupart des monuments publics sont abandonnés et systématiquement dépouillés de leur grand appareil. Les quartiers d’habitation sont partiellement désertés et les moellons des maisons sont récupérés pour construire d’autres édifices.

La ville fortifiée

L’établissement, au IVe siècle, d’un castrum dans l’île de la Cité conclut ce processus et représente une rupture avec la grande ville ouverte de la Paix romaine.

Cette transformation est d’usage pour la plupart des grandes villes de la Gaule dans cette période d’insécurité. Lutèce devient alors l’un des points forts du dispositif de défense mis en place pour faire face aux incursions germaniques. À plusieurs reprises, des empereurs militaires, Valentinien et Julien, choisissent d’y résider. Ce dernier y est même proclamé empereur par ses troupes en l’an 360.

Il ne faudrait cependant pas croire que l’enceinte, qui délimitait une surface de moins de 10 hectares, recevait toute la population de Lutèce. L’abandon de la rive gauche n’est pas total, et un habitat se maintient dans les faubourgs et dans plusieurs insulae de la pente nord de la colline Sainte-Geneviève comme nous l’indique Ammien Marcellin, et comme l’attestent les observations faites le long du cardo et dans des monuments antiques pillés et délaissés.