Outre son intérêt pour les fouilles archéologiques, Jacques de Morgan s'est porté acquéreur de monnaies orientales qu'il étudia dans son ouvrage "Manuel de numismatique orientale".

Un amateur averti en numismatique

Tirant avantage de ses voyages au Caucase, en Égypte ou en Perse, mais également de nombreuses connaissances qu'il s'est fait là-bas, Jacques de Morgan est parvenu à réunir une grande collection de monnaies orientales ayant servi de base à son Manuel de numismatique orientale de l'Antiquité et du Moyen Âge. Bien que ces monnaies fassent tout d'abord partie de sa collection personnelle, il les destine à terme à la Bibliothèque nationale (actuelle Bibliothèque Nationale de France) car "le Cabinet des Médailles en fera son profit...". L'achat sur les marchés étant alors le principal mode d'acquisition de ces objets, il disait ainsi à son ami Henry Viollet en 1911 : "Vous devez en trouver pas mal dans les bazars par vos domestiques".

La démarche de Morgan est alors motivée par sa curiosité concernant ces pièces historiques, dont il avait pu observer quelques exemplaires fameux dans le palais du Shah Nasredin à Téhéran. La numismatique orientale était encore très méconnue en Europe et réservée principalement à quelques numismatiques spécialisés dans des zones géographiques précises.

Une valeur scientifique et historique

Morgan ne voit pas dans ces monnaies des objets luxueux, mais perçoit leur intérêt scientifique et historique, il dit ainsi à Viollet : "Tout ce que vous apporterez de documents nouveaux sera très précieux au point de vue scientifique. Quant à la valeur, ces monnaies n'en ont pas. Payez de 1 à 2 krans les pièces d'argent, jusqu'à 20 krans les tétradrachmes et quelques sous les cuivres : c'est tout ce que cela vaut".

Il organise ainsi rigoureusement son manuel : il va classer les monnaies en trois grands groupes (Antiquités, états chrétiens, séries musulmanes), créer un lexique des termes qui y sont inscrits dans différentes langues orientales, expliquer les légendes qui peuvent y figurer, et les dessiner. Ayant réalisé un véritable travail pionnier pour l'établissement d'une synthèse des monnaies orientales, Morgan désirait, en tant que numismate amateur et scientifique accompli, réaliser un ouvrage assez rigoureux pour les numismates et orientalistes et assez accessible pour toute personne désireuse de découvrir cette discipline.

Aujourd'hui, l'intégralité des monnaies et médailles de sa collection sont conservées au Département des monnaies, médailles et antiques de la Bibliothèque Nationale de France.

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