Les rideaux de cultures médiévales épousent les courbes de niveaux curvilignes. Sur le côté gauche, on discerne une motte castrale. Belleville-sur-Mer (Seine-Maritime).

Les anomalies du paysage révèlent des retranchements du Haut Moyen Âge, le ré-aménagement d'oppida (Estrun-sur-Escaut, Pas-de-Calais) avec parfois l'implantation d'une motte castrale (L'Étoile et La Cheppe), ou de forteresses plus tardives comme à Boismont (Somme).

Les photos de mottes castrales, encore en élévation, ne sont pas sans intérêt, même s'il faut attendre des fouilles ou, hélas, des arasements dûs aux remembrements pour apercevoir les habitats seigneuriaux antérieurs comme à Ablaincourt (Somme). Ces mottes castrales, symboles de puissance tout autant que systèmes défensifs, avec leur église, ont joué un rôle considérable dans la fixation de l'habitat et la formation de nos villages. Tout se met en place à partir du IXe ou du Xe siècle, avec le regroupement des hommes et la constitution des terroirs villageois autour de ces populations rurales sédentarisées (représentant alors 90 à 95 % de la population).

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À Ablaincourt (Somme), le village s'est constitué autour de la basse cour dont la motte castrale vient d'être arasée. On distingue alors l'aula qui l'a précédée.

À Buire-le-Sec (Pas-de-Calais), le village s'est moulé contre la motte castrale et sa basse cour, bien visibles grâce à un éclairage frisant à contre-jour

Certains historiens affirment que de multiples villages naissent seulement après les grands défrichements du XIIe siècle et du début du XIIIe siècle, à l'initiative des seigneurs ; notre paysage actuel se serait ainsi constitué. Toutefois, il n'y a pas, comme en Angleterre, d'habitats totalement abandonnés et fossilisés avec leur parcellaire, à la suite de grandes épidémies de peste. Seuls quelques cas de survivance de parcellaires médiévaux sont parfois discernables, comme par exemple à Criel-sur-Mer ou à Belleville-sur-Mer (Seine-Maritime).

Le tracé d'un ancien château fort, tel que celui d'Eaucourt (Somme), ou les vestiges d'un château encore en élévation à Picquigny (Somme), s'inscrivent bien dans le paysage actuel. Curieusement cependant, bien des vestiges arasés médiévaux restent énigmatiques.