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L'art rupestre préhistorique, abondant sur les rochers naturels de certaines régions d'Europe, ne concerne que très peu la Bretagne, où l'on trouve par contre une des principales concentrations européennes de monuments mégalithiques ornés, regroupés pour l'essentiel autour du Golfe du Morbihan.
Au plan technique, on connaît des tracés linéaires "gravés" (en fait, soigneusement piquetés) ou des motifs dégagés en "faux-relief" ou "taille d'épargne" par "surcreusement" d'un champ périphérique plus ou moins large.
On n'atteint jamais le véritable bas-relief (avec modelé des parties dégagées) et la sculpture en volume reste exceptionnelle.
Le répertoire de base comprend une vingtaine de signes bien identifiables, dont une quinzaine sont véritablement récurrents sous diverses variantes, soit isolément, soit associés entre eux.
Ces associations restent cependant trop lâches et trop fluctuantes pour que l'on puisse vraiment parler d'idéogrammes (bien que des sens très forts et relativement précis semblent liés à la plupart de ces signes).
L'examen des monuments ornés montre que n'importe quel décor ne s'y trouve pas n'importe où, mais de nombreux réemplois de dalles déjà ornées (et éventuellement remaniées) viennent compliquer l'analyse.
Un tableau-matrice met en évidence quatre familles de signes :
- les signes "ubiquistes", que l'on retrouve sur tous les types de monuments,
- ceux qui sont liés aux tombes à couloir de type ancien (mais dont certains se retrouvent aussi sur des menhirs),
- ceux qui semblent caractéristiques des menhirs et paraissent éviter les tombes (sauf réemplois manifestes),
- ceux qui sont liés aux galeries funéraires du Néolithique final (mais également à certains menhirs).
Le décor exceptionnel de Gavrinis s'inscrit dans le droit-fil d'une évolution de l'art des tombes à couloir anciennes. Celui des monuments coudés (type "Pierres-plates") en dérive également, mais au prix d'un appauvrissement du répertoire (pratiquement réduit à un seul signe).
Les recherches récentes ont montré que les menhirs ornés étaient moins exceptionnels qu'on ne l'imaginait naguère, surtout compte tenu de l'action des intempéries et des difficultés d'observation. Quelques signes leur semblent spécifiques mais la plupart se retrouvent dans les sépultures (ce qui permet des rapprochements soit avec les tombes à couloir du Néolithique moyen soit avec les galeries funéraires du Néolithique récent).