Les rives septentrionales de l’étang de Thau, certainement du fait d’un environnement aux ressources abondantes, ont connu un développement remarquable de grands domaines aux premiers siècles de notre ère. Ce sont encore une fois les campagnes de prospection pédestre, en parcourant les vignes selon un mode systématique, qui ont permis d’individualiser une vingtaine de sites de villas. Parmi celles-ci, la mieux connue reste la villa de Loupian. Les plus grandes d’entre elles peuvent s’étendre sur quelques hectares et les objets collectés témoignent tout à la fois d’une longue durée d’occupation, entre le début de l’époque romaine et les premiers temps du Moyen Âge, et de la présence de constructions au caractère luxueux (fragments de plaques de marbre ou de tubulures en terre cuite, tesselles de mosaïque…).

Ces centres domaniaux sont distribués de façon régulière, et pouvaient exploiter jusqu’à 600 hectares de terres. Ils disposent dans la plupart des cas de possibilités d’accès direct à l’étang, mais aussi de magnifiques points de vue sur la lagune. Ces exemples avérés de « villas littorales », répondent à un mode d’investissement des élites sur les côtes de la Gaule méridionale. Ces vastes exploitations voisinent avec plusieurs agglomérations secondaires, qui trouvent leur origine à l’époque protohistorique, mais aussi avec un maillage dense de fermes de moindre importance, qui peuvent appartenir tout autant à de petits propriétaires qu’à des dépendants du grand domaine.