Les bassins versants de l’espace loupianais offrent pour l’agriculture une mosaïque de sols, dont les caractères vont dépendre de leur situation selon la pente, sur les coteaux ou dans le vallon – les pédologues parlent de chaînes de sol. Une végétation dense peut favoriser la protection de la couverture du versant et la formation des sol par la pédogenèse. Le climat méditerranéen, avec son régime de précipitations et d’orage, peut jouer un rôle décisif sur l’érosion des terres lorsque celles-ci sont dénudées par l’agriculture. La généralisation des études pluridisciplinaires conduites avec la collaboration de géoarchéologues, permet de constater que l’impact des activités humaines sur ces milieux est tout aussi déterminant, lors de phases de surexploitation des sols comme lors des moments de recul de l’agriculture. Ainsi, il est possible de soutenir que les paysans de l’Antiquité comme ceux du Moyen Âge ne disposaient pas de sols de culture de même nature et de qualité agronomique identique à ceux d’aujourd’hui

Les horizons de sols cultivés durant l’Antiquité, lorsqu’ils n’ont pas été démantelés par les pratiques agricoles modernes, sont fossilisés, en profondeur, sous le vignoble récent, qui s’est développé sur les versants construits à l’aide de terrasses faites de murets de pierres. Leur couleur brune, qui est un trait d’évolution pédologique, tranche avec la couleur claire des sols d’aujourd’hui. Sont incorporés des tessons, plus ou moins roulés, parfois des charbons de bois, qui témoignent d’épandages et de fumures. Rien n’indique à Loupian que les agriculteurs de l’Antiquité aient exploité des champs en terrasse, si caractéristiques du monde rural méditerranéen.