Tête de harpon en bois de cerf et restitution de son emmanchement sur une hampe ; instrument sans doute utilisé pour la pêche des gros poissons ilures, esturgeons).

Ce sont incontestablement les ressources alimentaires tirées du puissant fleuve qui ont fait l'objet d'une exploitation toute particulière : la pêche et la collecte des coquillages devaient être des activités qui rythmaient, durant une partie de l'année, la vie des hommes et des femmes du tell d'Hârsova. Cela devait d'ailleurs avoir des conséquences sur la répartition des tâches au sein de la communauté.

L'outillage des pêcheurs qui s'est conservé (harpons en bois de cerf, poids d'ancrage d'embarcation, outils en os probablement destinés à l'écaillage...) et une extraordinaire profusion d'os ou d'écailles de poissons suggèrent une intense activité de pêche, très diversifiée : on trouve en effet, dans des proportions variables des restes de carpes, de brèmes, de gardons, de chevaisnes, de rotengles, de brochets, de sandres, de perches, de silures et d'esturgeons.

Néanmoins cette première impression d'abondance doit être nuancée : quelle pouvait en effet être l'importance économique de la pêche si l'on compare le poids de nourriture disponible sur un porc d'une centaine de kilos et un poisson de quelques centaines de grammes ?

Ciseau en os : d’après les traces d’usure et l’expérimentation il est vraisemblable qu’il ait servi à l’écaillage du poisson.

Squelette de poisson (cyprinidé, brème ?) en connexion anatomique sur un niveau d’habitat Gumelnita du tell.

On ne peut enfin qu'évoquer les modes de pêche : la diversité des espèces en présence, la variabilité de leur niche écologique, de leur taille et de leur régime alimentaire plaident pour des techniques de pêche variées. Mais hormis les harpons qui nous sont parvenus, quels étaient les autres engins utilisés ? De nos jours encore, la plupart des ustensiles des pêcheurs du Danube (filets, éperviers...) sont en matière périssable et auraient fort peu de chance d'être fossilisés pour les archéologues du futur.

Les coquilles de mollusques d'eau douce, principalement des moules de rivière, sont présentes par dizaines de milliers dans les niveaux Gumelnita du tell. L'étude des dimensions des coquilles des moules de rivière montre une sélection intentionnelle d'individus d'une certaine taille pour l'alimentation. Cela suppose une collecte réalisée à la main, le long des grèves du fleuve, en période d'étiage.
La présence de fragments de carapace de tortue d'eau portant des traces de feu ou de coups et la découverte de gastrolithes d'écrevisses attestent une consommation occasionnelle de ces animaux et souligne le fait qu'aucune ressource du fleuve n'était dédaignée.

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Les embarcations des pêcheurs de la culture de Gumelnita sont attestées indirectement par la découverte, sur le tell, de poids d'ancrage en calcaire. Cependant on ne sait rien des types de bâteaux utilisés : simples pirogues monoxyles ou barques plus élaborées ?

Poids en calcaire, sans doute utilisés par les pêcheurs pour ancrer leurs embarcations.