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La place épouse la dernière courbe de niveau du plateau et l’ensemble de l’habitat s’organise autour d’elle. Le grand côté ouest mesure 85 m, le petit côté sud mesure 24,5 m et la plus grande largeur atteint 56,5 m dans la courbe du D. Les poteaux de la palissade implantée dans le fossé ont été récupérés et les os d’animaux abattus dans cet espace ont été piégés dans ces trous. Des crânes de boeufs étaient accrochés à l’entrée du côté sud. Dans la moitié sud, les os de boeufs sont les plus abondants alors que ce sont ceux de chevaux qui dominent dans la moitié nord. C’est là aussi qu’ont été découverts quelques restes humains (dents, calotte crânienne).
On ne peut accéder dans cette place, enclose par une forte palissade, que par une porte aménagée sur le petit côté sud qui isole donc l’aire de l’espace profane. Des animaux, boeufs et chevaux, y étaient abattus et découpés. S’y tenait probablement des banquets, des réunions publiques, des rassemblements à caractère économique, foires et marchés.
La construction de cinq bâtiments parallèlement au grand côté ouest de la place a demandé une mise en oeuvre géométrique précise répondant à un plan préconçu. Leurs dimensions, leurs espacements présentent une progression géométrique régulière dont le coefficient multiplicateur est de 1,25. Les hauteurs calculées en fonction de ce nombre restituent un ensemble monumental unique implanté sur le sommet du plateau, au centre du village. Dans le plus grand bâtiment (n° IV), 11 m x 10 m, est creusé un puits carré de 7,60 m de profondeur ayant eu une fonction bien particulière (la nappe phréatique est à 60 m de profondeur ! ). La spécificité de ces constructions, leur emplacement, leur relation indiscutable avec la place et la présence d’inhumations humaines particulières à proximité conduisent à attribuer à cet ensemble un rôle cultuel.
Le puits
Il a été creusé précisément dans l’axe longitudinal et a 2,5 m de l’entrée. A l’ouverture subsistent les traces d’un coffrage en bois qui maintenait la craie friable supérieure. Un poteau était placé sur le côté nord de cette margelle. A 2,14 m du fond le puits se rétrécit pour laisser deux ressauts latéraux se terminant par des encoches dans les parois. Ils étaient destinés à recevoir deux poutres de bois. Les parois sont dressées avec soin à l’herminette de 9 cm de large.
Les inhumés roulés en boule
Devant le grand bâtiment IV, dix-neuf inhumés ont été retrouvés sur une esplanade délimitée par une palissade, un chemin et des constructions. Ils ont la particularité d’être assis, la tête reposant sur les pieds, roulés en boule, dans des fosses circulaires peu profondes. Il s’agit d’hommes adultes pour huit d’entre eux d’après les os coxaux. Une étude méticuleuse tend à prouver que ces défunts ont été ensevelis alors qu’ils étaient desséchés, momifiés naturellement semble-t-il.
Cette découverte exceptionnelle, unique à l’époque de la découverte, a été à l’origine de bien des interprétations et des commentaires. Depuis d’autres individus inhumés de cette façon ont été trouvés en plusieurs endroits.
Des sacrifiés ?
Les squelettes sont très arasés et rien n’indique comment ces individus sont morts. Ces personnages étaient nus et aucun viatique ne les accompagnait lors de leur mise en terre. L’encombrement des squelettes est rigoureusement le même et des « effets de parois » ont été observés sur plusieurs d’entre eux. Les observations et la mise en perspective des divers éléments et faits archéologiques conduisent à proposer un rituel particulier. Le défunt était placé dans une caisse aux dimensions du puits du grand bâtiment. Cette caisse y était descendue et y séjournait un certain laps de temps. Le corps totalement sec était ensuite sorti et déposé dans une fosse devant le bâtiment religieux. Cette opération ne pouvait se faire qu’en hiver pour des raisons compréhensibles (absence de mouches etc..). Le nombre de défunts et le rituel évoquent des sacrifices réguliers qui s’arrêteront au moment où les bâtiments religieux et la grande place seront abandonnés, le puits comblé, vers 100/80 av. J.-C.