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S’agissant d’une fouille programmée pluriannuelle, à une époque où l’archéologie préventive était encore en développement, la méthodologie employée faisait exception. Si dans les vallées de l’Aisne, de l’Oise, de la Seine les programmes de sauvetages en gravières mettaient en oeuvre de grands décapages mécaniques, il n’en était pratiquement pas question ailleurs. Trouver les moyens adaptés, mettre au point des techniques de décapage appropriées, sans oublier la « formation » des conducteurs, avec des moyens financiers dérisoires au regard des sommes engagées maintenant ne fut pas une mince affaire. Surtout il a fallu convaincre les agriculteurs qui, après la moisson, ne voyaient pas d’un bon oeil ces énormes tas de terre et craignaient pour la remise en état de leurs champs quelques semaines plus tard. Etre natif du village d’Acy-Romance a été un avantage certain.
Année après année, en période estivale, ce sont plusieurs milliers de mètres carrés qui étaient décapés, les structures fouillées, puis le champ revenait à l’agriculture. Dès l’origine la préoccupation a été d’avoir des relevés fiables des structures archéologiques et c’est le dévouement désintéressé d’un géomètre puis de son fils qui ont permis d’avoir des plans de qualité. Plusieurs spécialistes (archéozoologue, carpologue, anthropologue) sont venus travailler bénévolement sur le site pendant des années. Après une année de tâtonnement – fouille intégrale ou par moitié des structures, relevé 3D de tout les objets ou globalement par niveaux, décapage unique ou plusieurs fenêtres – la décision a été prise de fouiller l’intégralité des structures. La coupe verticale des trous de poteau a été abandonnée au profit d’une fouille horizontale, les silos ont été vidés par niveaux artificiels d’une vingtaine de centimètres d’épaisseur en deux temps pour avoir une coupe verticale du comblement. Chaque structure a été relevée manuellement sur fiche. Dans le monde archéologique informatisé actuel il est difficile aux jeunes archéologues d’imaginer la gestion de ces données amoncelées. La récente mise au propre du plan et la reprise de la totalité des fiches sur informatique a été un travail considérable menée par Hervé Bocquillon.
Cette fouille a été menée uniquement par des fouilleurs bénévoles encadrés par une petite équipe de chevronnés présents dès les premières années.