A ces sépultures bien particulières viennent s’ajouter d’autres faits archéologiques loin d’être anodins, qui résultent de pratiques spécifiques à connotation religieuse. Plusieurs découvertes privilégient une lecture allant dans ce sens. La curieuse sépulture d’un jeune homme entravé, tué d’un coup de hache sur le crâne n’est pas une banalité. Son ensevelissement à proximité des inhumés recroquevillés, à quelques mètres du bâtiment au puits, impose d’avoir une lecture globale de ces faits

C’est encore l‘association de trois inhumés assis et de deux constructions spécifiques, qui constitue un ensemble peu banal, résultat d’une volonté indiscutable. Ces individus, comme les précédents, ont subi un traitement particulier et leur mort n’est ni naturelle, ni guerrière. Le traitement des corps et leur disposition au sein même de l’habitat évoque le sacrifice.

Une mort étrange

S’il est un personnage dont l’origine de la mort est connue c’est bien celui qui, les mains liées dans le dos, a été tué d’un coup de hache sur le temporal droit. Il a été enseveli rapidement le long du mur d’une construction, les pieds dans un silo comblé, à une vingtaine de mètres des défunts roulés en boule.

Un raisonnement logique a conduit à rechercher parmi les tombes des nécropoles la présence d’ustensile de ce type. Plusieurs haches a emmanchement à oeil caractérisent des tombes particulières et l’une de ces haches s’adapte parfaitement à la lésion du crâne. 

Des dieux et des hommes assis

Si aucune relation ne peut être faite entre les morts assis et cet « assassiné », le contexte invite à ne pas les dissocier d’autant que ce dernier a été tué alors que le puits était comblé et qu’il pourrait s’agir du viol d’un interdit récent (sacrifice humain).

La position assise en tailleur ou en lotus est commune aux dieux et aux hommes à Acy-Romance. La représentation d'hommes assis, jambes croisées, est ancienne et plusieurs exemplaires datés du Ve siècle av. J.-C. sont connus dans le midi de la Gaule. La question de savoir s'il s'agit de statues de dieux ou de simples mortels, de guerriers comme le laisserait penser leur cuirasse, ou bien encore d'ancêtres héroïsés, n'est pas encore tranchée.

Une statue en calcaire trouvée à Reims ou environs représente un personnage nu assis en tailleur, les pieds croisés. Les bras sont cassés à hauteur des épaules et on devine une attache de main sur un genou. Le corps est légèrement penché en avant et se devine, dans son dos, le départ d'un volume semi circulaire. Le torse est marqué de deux lignes parallèles évoquant un lien plat, genre ceinture. La seconde sculpture, conservée au Musée de l’Hotel « le Vergeur » à Reims, représente un petit personnage assis en tailleur tenant un torque sur la poitrine. Plusieurs sculptures proches sont connues en Gaule.

C'est aussi à Reims, au Musée Saint-Remi, qu'est conservé l'autel de Cernunnos, le dieu gaulois assis à ramure de cerf, d'époque gallo-romaine.

Deux séries monétaires

Ce sont deux séries monétaires, indiscutablement émises par les Rèmes, qui prennent avec les découvertes d'Acy-Romance un autre relief. La première monnaie, émise vers 120/100 av. J.-C. représente un petit personnage nu, aux cheveux coiffés en une longue tresse, courant vers la droite, tenant dans sa main gauche une lance (ou un flambeau) et dans la main droite un torque. C'est indiscutablement le même personnage qui se retrouve sur la série monétaire suivante. Il est représenté de face, assis en tailleur, la main gauche tenant une natte de cheveux, la main droite tenant le torque et son autre natte.