Vêtements des femmes

Le vêtement traditionnel des femmes de Bosra est constitué d’une robe (shursh) brodée par les jeunes filles pour leur trousseau de mariage. À l’origine, les robes étaient taillées dans une cotonnade bleue (’is‘îdânî) ou bleu ciel (sâhl). Puis ce matériau teint localement a été remplacé dans les années 1920 par un tissu de coton noir importé (malas). Lorsque les deux tissus, le bleu et le noir, sont assemblés, les robes sont dites shurshmubanaq. Un long et étroit voile de crêpe noir (shambar), dont les deux extrémités retombent dans le profond décolleté pour cacher la poitrine et la gorge, est enroulé autour du visage. Il est maintenu sur la tête par un foulard plié dans la diagonale, roulé et noué autour de la tête (tafkhät) : il pouvait s’agir de l’imposant foulard noir (mandîlou‘usbät), à la traîne d’une longueur variable, encore porté aujourd’hui par les femmes âgées, ou du somptueux hattät, en soie ou en coton, tissé de fils d’or ou d’argent. Ces derniers, fabriqués à Homs et Damas, étaient réservés aux riches familles. Ensuite, le tafkhät a été remplacé par un foulard de coton de couleur, uni ou imprimé (’ishâr). Pour se protéger du froid, les femmes portent un manteau rectangulaire sans manche (mazûyät). Les plus simples sont tissés de laine brute et de couleur brune dont les coutures et les bords sont brodés de rouge. D’autres, beaucoup plus rares, sont tissés d’une fine laine écrue aux broderies rouges ou polychromes. Elles portent également un épais manteau de drap à manches longues (dâmir), souvent bicolore et de teinte sombre (noir, grenat, vert foncé, bleu marine) qui est orné de galons noirs sur ses deux faces lorsqu’il est réversible.

Pour les fêtes, les femmes portent des bijoux d’or ou d’argent achetés à Damas.Ce sont surtout des bracelets et des colliers d’argent travaillé, enrichis d’incrustations de pierres dures (ambre, corail) et de pendentifs divers (amulettes, pièces de monnaie). Les parures plus simples peuvent être agrémentées de perles de verre et de coquillages. Quelques personnes âgées arborent des tatouages prophylactiques sur le visage et les mains.

Vêtements des hommes

Les hommes sont traditionnellement vêtus d’un très large pantalon de toile noire (shirwâl), d’une longue tunique à manches longues (quftân) confectionnée dans un tissu de coton et de soie rayé (sâyät), parfois assorti d’un gilet court (qasät) fait du même tissu. Ils ont les reins enroulés dans une étroite et longue ceinture de laine de couleur (shwayhiyät), dans laquelle ils glissaient leur poignard (shibriyät). Pour supporter les froidures de l’hiver, les hommes portent un large et long manteau rectangulaire de laine brute tissée sans manches (‘abâyät), ou un manteau en drap à longues manches fourré d’une peau de mouton (farwät). La coiffure masculine la plus courante est une pièce de tissu carrée pliée en diagonale (fiyät) et retenue par un cordon noir (‘iqâl). Les jeunes garçons portaient comme leur père le pantalon large (shirwâl), une tunique de lin ou de coton (ghandûrät), le gilet de coton et soie à rayures (qasät), que l’on achetait une fois ou deux par an à l’occasion des fêtes et de la moisson, et des chaussures en cuir de vache (na‘âl). À partir de 1965, le costume traditionnel a progressivement évolué avec les mouvements migratoires lors que les travailleurs de Bosra sont revenus de l’étranger. Des tissus de satin plus brillants et la «soie georgette» ont fait leur apparition dans les années1960, et le velours noir uni dans les années1980.

Aujourd’hui encore les femmes les plus âgées se font coudre des robes dans des velours synthétiques importés de couleurs foncées (noir, aubergine, bleu, vert, marron) qu’elles portent toujours avec le voile de crèpe noir (shambar) maintenu par le mandîl ou un foulard à motif floral de couleur vive. Les plus jeunes s’habillent à l’occidentale ; pour sortir, elles se couvrent d’un long imperméable bleu marine ou beige et d’un voile blanc ou imprimé noué sous le menton. Quant au costume traditionnel masculin, il se résume aujourd’hui au shirwâl (encore porté par de rares anciens) et au fiyät. Les hommes s’habillent presque exclusivement à l’occidentale ou portent des tuniques longues (galâbiyät) comme dans les pays du Golfe. Le quftân, la ‘abâyät, la mazûyätet la robe noire et bleu ciel qui était la marque de Bosra ont définitivement disparu.