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- Bosra et le Hauran sous les Ottomans
Après leur victoire sur les Mamelouks dans la région d’Alep en 1516, les Ottomans conquièrent la Syrie sans combat.
La conquête ottomane
L’organisation administrative des nouveaux territoires ne s’est réalisée que sous le règne du sultan Soliman le Magnifique (1521-1566). La vaste circonscription (qadâ) du Hauran couvrait alors une région s’étendant du Jawlân à l’ouest à la montagne Rayyân (Jabal al-‘Arab) à l’est et du plateau basaltique du Lejâ au nord, en débordant au sud l’actuelle frontière jordanienne ; elle est alors divisée en plusieurs districts sous l’autorité du gouverneur de la province de Damas qui s’étend à toute la Palestine.
Le pouvoir dénombre, dans des recensements à but fiscal qu’il mène au XVIe siècle, quelque 370 villages, mais ceux-ci sont, dans leur grande majorité, de petite taille. Bosra, qui a perdu de son prestige passé, est l'une de ces bourgades, à l’écart des grandes voies de circulation sur lesquelles les sources locales sont quasi muettes.
Entre le XVIe et le XIXe siècle
Le Hauran est un territoire fertile et convoité mais peu peuplé et, à la fin du XVIe siècle, Bosra eski Shâm (Bosra « la vieille Capitale » selon la traduction consacrée), située sur la bordure méridionale de la riche Nuqra, est une bourgade qui compte, selon un recensement ottoman, 90 « foyers » (75 musulmans et 15 chrétiens) et 35 célibataires musulmans et chrétiens. Elle a grandement perdu de son importance depuis qu’elle n’est plus une étape de la caravane du pèlerinage et elle n’est que la seconde agglomération du sous-district des Banû Nâshiyya sur la lisière orientale du Hauran dont elle dépend.
Bosra constitue une unité fiscale et les revenus des impôts et taxes que le pouvoir tire de la production agricole, de l’élevage, de six moulins « de crue » qui, situés sur les wadis proches, ne fonctionnent que quelques mois l’hiver, font partie de l’apanage fiscal attribué au gouverneur de la province en poste à Damas. Cette situation perdurera, semble-t-il, jusqu’au début du XIXe siècle.
En 1864, dans le cadre des Réformes (Tanzimât) entreprises dans l’Empire, une nouvelle organisation administrative de la province syrienne est mise en place : selon un almanach ottoman de 1900, Bosra est rattachée au district de Der‘â, le chef-lieu à quelque six heures de route à l’ouest où sont localisés les représentants des grandes administrations de l’État. Elle est la principale agglomération d’un sous-district qui regroupe neuf villages dans un rayon d’une heure et demie de marche et le pouvoir y entretient un administrateur (mudîr) assisté d’un secrétaire.
En 1811, un voyageur estime la population résidente à 12-15 familles ; vers 1850, un nouvel observateur l’évalue à 20-30 familles. En 1857, selon M. Delbet, médecin disciple de Le Play qui mène une enquête dans le village, Bosra compte quelque trois cents personnes et les dernières familles chrétiennes ont émigré quelques années plus tôt vers d’autres lieux. Les habitants, en majorité, se sont installés dans la partie orientale de la bourgade, les champs de ruines leur ayant fourni les matériaux nécessaires pour bâtir leurs maisons ; quelques-uns se sont établis dans la citadelle, qui sert à l’occasion de refuge de nuit pour tous et leurs troupeaux contre les incursions des nomades.