Située à 140 km au sud de Damas, Bosra, capitale de la région fertile du Hauran (Syrie du Sud), est au débouché des routes caravanières venant d’Arabie et d’une voie provenant de la côte méditerranéenne. La ville est installée sur un plateau de basalte, roche volcanique noire employée de tout temps pour les constructions et qui s’altère en un riche sol argileux propice aux cultures. Elle connut une longue période de prospérité. En effet, mentionnée dès le XIVe siècle av. J.-C. sur des tablettes de Tell el-Amarna en Égypte sous le nom de Busrana, elle témoigne des relations diplomatiques entre les Égyptiens, les Phéniciens et la dynastie amorrite. Puis elle est citée dans le livre des Maccabées au second siècle avant l’ère commune. Ancienne capitale du nord du royaume nabatéen, elle permettait un commerce caravanier prospère avec le monde romain. Son annexion sans combat par Rome au début du IIe siècle l’élève au rang de capitale provinciale d’un vaste territoire qui englobe la Jordanie et une partie de l’Arabie saoudite actuelle. La ville se pare alors des monuments emblématiques de l’art de vivre romain, bains et édifices de spectacle qui traduisent l’acculturation rapide des élites locales mais témoignent aussi certainement d’une large adhésion de la population. Son âge d’or est sans conteste la période protobyzantine, pendant laquelle Bosra déborde de ses remparts mais elle est également réputée pour ses penseurs et polémistes. La conquête musulmane, sans destruction, marque une nouvelle étape dans le développement urbain avec la construction de mosquées, mais aussi de bains dans le nouvel esprit du temps. Le théâtre, puissamment fortifié pour faire face à la menace Croisée ne sera jamais menacé avant les bombardements récents… Les premiers visiteurs occidentaux du début du XIXe s. n’y verront qu’un modeste village de 200 habitants.

Bosra, inscrite au Patrimoine Mondial de l’Unesco dès 1980, est restée plus de 2000 ans habitée et presque intacte. Nabatéens, Romains, Byzantins, Omeyyades, Abbassides, Ayyoubides et Mamelouks ont tous laissé des vestiges dans la ville, qui est ainsi un extraordinaire conservatoire des formes architecturales des deux derniers millénaires formant un véritable musée à ciel ouvert associantles épisodesles plus significatifs de l’histoire des idées et des croyances.