À l’époque nabatéenne

Les monuments antérieurs à l’époque romaine sont très mal connus, et ceux que l’on peut appeler « nabatéens », à Bosra ou en Syrie du sud sont peu nombreux. L’ensemble constitué par la porte nabatéenne et les deux massifs aux demi-colonnes nabatéennes sont les seuls monuments attribués clairementà la période nabatéenne. De manière générale, ces monuments présentent les caractères communs suivants : la présence de chapiteaux nabatéens lisses « à cornes »,des moulurations nues, sèches et de petite envergure, utilisant plutôt un tracé rectiligne que curviligne, voire concave. Un ravalement de surface des blocs de basalte rend leur aspect soigné et lisse.

Période romaine

Pour cette époque, les édifices étant beaucoup mieux préservés qu’à la période précédente, cela nous permet d’établir un catalogue précis des décors architecturaux. À l’extérieur des bâtiments, le décor souligne les articulations et les lignes principales (bases et couronnements, encadrements de portes et de fenêtre, de niches, colonnes et entablement) selon les habitudes gréco-romaines et proportionnellement à la qualité du bâtiment. À l’intérieur des édifices, l’emplacement du décor est étroitement lié à la structure architecturale (arcs, plafonds…).

La mouluration de base dans la première moitié du IIe siècle (architraves, chambranles de portes ou de niches, frises) est un large bandeau, qui sert de support au décor sculpté, avec un couronnement stéréotypé (quart-de-rond, cavet, listel). Ce profil subit plusieurs types d’évolutions à partir de la deuxième moitié du IIe siècle : le bandeau devient un tore plus ou moins plat, le bandeau unique est divisé en deux ou trois bandeaux, ou parfois remplacé par une mouluration complexe (bandeau, talon, tore, bandeau).

Quelques corniches conservées ont une structure et un décor d’époque impériale très courant : rangée d’oves, denticules, moulure intermédiaire, larmier à modillons en doucine, front de larmier (à méandres ou godrons), syma en doucine ornée de feuilles d’acanthe. Les motifs en bande : les rinceaux de vigne et d’acanthe, peuplés ou non, sont le motif décoratif dominant tout au long du IIe siècle sur les chambranles et les frises. Sur ces dernières, le motif des feuilles imbriquées sur un tore et celui des godrons sur un bandeau prennent le relais au IIIe siècle, des rinceaux du IIe siècle. Le méandre de svastikas sur un large bandeau tient également une grande place, au IIe siècle en tout cas, sur les architraves, fronts et larmier et encadrements de niches. Des motifs figurés divers (vases, corbeilles, amours, protomés, têtes, mains etc.) peuplent les rinceaux et les intervalles des méandres, mais les motifs figurés les plus caractéristiques dans cette région sont les têtes, bustes, figures entières et aigles qui sont superposés au décor des linteaux de portes, soit sur la face verticale antérieure, soit au soffite. Les chapiteaux corinthiens de la région à l’époque provinciale abandonnent la diversité de forme et de décor des chapiteaux hétérodoxes (bustes, enroulements, etc.).

À l’époque chrétienne

Le décor prend une place secondaire et limitée à quelques emplacements-clefs (en ordre décroissant) : les linteaux, les chapiteaux et impostes, les couronnements. Le décor se simplifie dans sa forme, suivant la tendance amorcée au IIIe s, les moulures redeviennent le plus souvent lisses. Le choix de profils se réduit à quelques formes simples, le bandeau oblique ou des profils mous et curvilignes (baguette, quart-de rond, cavets). La qualité de l’exécution est souvent approximative. Les entablements tripartites gréco-romains sont remplacés par de simples couronnements moulurés au-dessus d’un bandeau. Lorsque des motifs sont sculptés sur les moulures, ceux-ci se réduisent aux perles et pirouettes, oves, méandres de svastikas linéaires ou couvrants et aux rameaux de vigne sous toutes leurs formes, qui constituent le motif majeur de cette période. Comme motifs indépendants, les rosettes, florales ou géométriques, ainsi que les couronnes sont omniprésentes, remplacées ensuite par des chrismes inscrits dans des cercles. Le chapiteau corinthien semble avoir à peu près disparu. En revanche, le chapiteau ionique, florissant au IIIe s, demeure, mais avec une production bien moins importante.