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Localisation et découverte
Le théâtre romain de Bosra se situe au sud et à l’extérieur du centre urbain antique, ce qui indique que ce centre était déjà bien occupé par des bâtiments lorsque sa construction fut décidée, probablement quelques années après l’instauration de la nouvelle province d’Arabie en 106. Il a été complètement enveloppé par la citadelle médiévale, ce qui a assuré sa conservation exceptionnelle qui le place parmi les édifices antiques les mieux conservés. Le théâtre, dont la cavea était en partie comblée, a été dégagé par le Service des antiquités de Syrie entre 1946 et 1970. Pour y accéder, il faut donc pénétrer dans la citadelle par sa porte principale à l’est et suivre les couloirs pour parvenir, soit par le nord au bâtiment de scène, soit par le sud à la cavea. Le théâtre est bâti sur un terrain plat.
Description architecturale
Le théâtre de Bosra est entièrement construit, selon l’usage romain, et non adossé à une déclivité, selon l’usage grec. La cavea, comportant les gradins d’une contenance de 8000 à 9000 personnes, est semi-circulaire (102 m de diamètre). Elle est fermée au nord par un profond et imposant bâtiment de scène de grande hauteur. Au sommet de la cavea est aménagé un palier supérieur de circulation sur lequel se dresse un portique semi-circulaire, partiellement conservé, de colonnes à chapiteaux moulurés, dont la forme est bien attestée à l’époque d’Hadrien (117-138 apr. J.-C.). La partie supérieure externe des murs était dotée de blocs percés destinés à recevoir les poteaux de bois soutenant le velum, ensemble de toiles abritant les spectateurs du soleil.
Du côté de la scène, un muret orné de niches alternativement rectangulaires et demicirculaires (proscaenium) sépare l’orchestra de la scène (pulpitum) profonde et assez peu élevée sur laquelle se passait l’essentiel des représentations. Ce pulpitum est clos et dominé par un monumental mur de scène (scaenae frons) en partie curviligne, qui s’élève sur trois niveaux avec une fenêtre centrale et des niches murales, qui contenaient des statues de marbre. Trois niveaux superposés de colonnades en marbre épousaient les courbes du mur. À partir de quelques colonnes corinthiennes conservées, l’ordre du niveau inférieur a été partiellement restitué. Le style des chapiteaux et de l’entablement permet de dater l’ensemble du décor du mur de scène de l’époque sévérienne (193-235 ap. J.-C.). Le mur de la scaenae frons est percé de trois portes face à la cavea, selon la tradition, et de deux portes latérales desservant les coulisses (parascaenia). Le bâtiment de scène proprement dit est flanqué latéralement de deux cours à portiques rectangulaires de même profondeur (versurae ou basilicae), faisant office de foyers et/ou de vestibules, dont les murs sud, aussi hauts que celui de la cavea et de la scaenae frons, constituent les limites latérales de la cavea. Ces cours à portiques étaient largement ouvertes vers l’extérieur, trois portes vers le nord, et deux vers les côtés est et ouest. Elles permettaient d’accéder aisément à la scène et au couloir situé à l’arrière (postscaenium). Bien que le théâtre soit partiellement enveloppé par la citadelle, on peut avoir une idée de son aspect extérieur en suivant les chemins de ronde de cette forteresse : les nombreux couloirs voûtés et rayonnants des substructures de la cavea s’ouvraient vers l’extérieur en arcades superposées, comme sur la plupart des théâtres et amphithéâtres romains construits sur terrain plat et permettant de quitter très rapidement les gradins. Par la structure de sa cavea et l’organisation du bâtiment de scène, l’ensemble de la construction se rattache aux traditions de l’architecture théâtrale romaine et occidentale, plutôt qu’à des influences hellénisées d’Asie Mineure. Si le décor de la scaenae frons est certainement d’époque sévérienne, il est ainsi fort probable que le théâtre a été en construction pendant une bonne partie du IIe siècle, comme les chapiteaux de la colonnade du sommet de la cavea le suggèrent.