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Les fouilles archéologiques nous ont permis de trouver de grandes quantités de poteries pouvant être datées de l’âge du bronze jusqu’à la période islamique. En effet, depuis la découverte de la fabrication de vase en argile cuite au Néolithique, les techniques de fabrication n’ont pas cessé d’évoluer jusqu’à nos jours. Contrairement à d’autres matériaux comme le verre ou les métaux, la céramique ne se recycle pas et donc une très grande quantité de fragments (les « tessons ») se retrouvent dans les niveaux archéologiques et sont porteurs de nombreuses informations concernant tout autant les modes de fabrication, ou l’origine géologique des argiles que le commerce ou les échanges dont ces vases témoignent, mais aussi leurs fonctions et le type de mets qu’ils renfermaient ou servaient à cuisiner.
Céramique hellénistique
Pour cette période, encore trop peu de tessons ont été récoltés et trop souvent dans des contextes archéologiques plus récents. Néanmoins, les quelques éléments retrouvés attestent un répertoire classique proche de celui trouvé à Suweidâ’ : céramique en pâte rouge locale mais à dégraissant de verre basaltique, céramique peinte en rouge et blanc, plats à lèvre éversée et pendante, dits «plats à poisson», bols à décor en relief et en gobe argileux dits« mégariens », sigillée orientale précoce (Eastern Sigillata de type Aetcéramique de Çandarli), lampes d’Éphèse…Ces productions impliquent un réseau d’échanges fourni avec la partie orientale du monde égéen et l’Asie Mineure.
Céramique nabatéenne
La céramique fine fabriquée pendant cette période représente la production la plus caractéristique de la culture matérielle attribuable aux Nabatéens. La finesse exceptionnelle des parois, parfois seulement épaisse d’unmillimètre, permet néanmoins de réaliser des vases d’un diamètre de plus de vingt centimètres ! Deux catégories coexistent : peinte et nonpeinte. Le décor peint en rouge ou brun, au riche répertoire de motifs végétaux, géométrique ou animalier, couvre parfois la totalité de la paroi interne de l’assiette. Cette forme prédomine largement dans un répertoire qui s’inspire des productions fines contemporaines, les sigillées orientales. Certaines formes fermées sont richement décorées et associent plusieurs techniques : peinture, estampage et déformation en godron de la paroi. Elles imitent alors peut-être des vases métalliques dont nous n’avons pas retrouvé de traces. De nombreux vases utilitaires sont réalisés à partir de l’argile de décomposition des basaltes que l’on retrouve en grande quantité dans la région du Hauran et qui donne une couleur rouge foncé caractéristique à cette production variée.
Céramique romaine
Le répertoire de cette période recouvre une grande variété, tant sur le plan des provenances que de la multiplicité des formes. La catégorie de céramiques la plus anciennement étudiée est celle qui est dénommée « sigillée », céramique fine à engobe grésée rouge vif importée de Turquie ou de la côte levantine, parfois qualifiée de luxueuse.
Mais l’essor de la région à cette période s’accompagne d’un développement important des productions locales à base d’argile basaltique donnant après cuisson une céramique rouge très caractéristique. Certaines formes ouvertes de céramique de service, les bols ou les coupes, reçoivent un décor très reconnaissable : un objet durest appliqué sur l’intérieur du vase presque sec alors remis sur le tour ou sur une tournette, l’action de la main et la rotation du tour produisent une spirale régulière où la surface de la pâte estlissée, les fines plaquettes argileuses sont orientées selon les ens de la contrainte mécanique exercée par l’outil. À la cuisson, cette partie prendra une couleur plus foncée et un aspect brillant. L’ensemble des ustensiles de cuisson, de service, de stockage ou de transport existe en céramique à cette période, mais la terre cuite permet également de réaliser des éléments de construction, briques, pilettes et tubulures des thermes, tuiles à rebords et couvre-joints de toiture…
Céramique byzantine
Cette période, et en particulier le Ve siècle, voit le développement d’une céramique en pâte grise ou gris bleuté qui permet de réaliser des formes culinaires (potsàcuire), mais également de table (cruches). Un récipient de cuisine connaît un succès impressionnant : il s’agit du bassin non tourné («GreyWare») qui pourrait avoir été utilisé pour pétrir la pâte à pain. La pâte basaltique rouge est toujours très utilisée. La richesse de cette période peut être matérialisée par la quantité de productions, qualifiées de luxueuses, qui ont pris la succession de la sigillée romaine, « AfricanRed Slip » de Tunisie, « PhoceanRed Slip » de Turquie ou encore « Late Roman D ware » de Chypre, démontrent jusqu’au VIIes., la vitalité des échanges commerciaux en Méditerranée.
Les amphores importées attestent également par leur quantité, la fréquence de ces échanges de produits d’un côté à l’autre de l’Empire byzantin. Les vins forment l’essentiel des produits transportés, mais huiles, sauces ou salaisons continuent de participer au commerce à longue distance.
Les lampes moulées sont omniprésentes, réalisées dans de nombreuses pâtes et dans une grande variété de formes ; souvent recouvertes d’un engobe de couleur rouge. Elles separent de motifs chrétiens et portent même parfois des inscriptions en grec. La fin de la période voit l’apparition de lampes tournées, sans doute plus simples à réaliser.
Céramique islamique
Le début de la période omeyyade ne semble pas marquer de changement profond avec la période précédente. Il faut attendre le début du VIIIe siècle pour noter l’apparition des nouvelles productions en pâte fine claire dont les peintures ocre rouge ou brun sont caractéristiques aux côtés des pâtes basaltiques traditionnelles qui prennent un ton brun. Ce tassemblagese retrouve jusqu’à la période abbasside. L’innovation principale concerne l’apparition d’un répertoire de formes recouverte de glaçures (oxydes métalliques – fer et cuivre principalement - en poudre fondus lors d’une seconde cuisson des vases) dès la fin du IXe siècle, dans le quel prédominent les formes ouvertes, coupes et grandsbols. Ce changement témoigne de la maîtrise d’un savoir-faire technologique complexe, qui connaît des périodes d’éclipse depuis les briques polychromes émaillées de Mésopotamie ancienne, en passant par certaines productions monochromes romaines ou parthes.
Au XIe et sans doute dès la fin du Xe siècle, l’apparition de pâtes «artificielles» siliceuses blanche révolutionne le marché de la céramique. Cette production dite de « Raqqa », sur l’Euphrate syrien, associe des oxydes de cobalt et demanganèse sous une glaçure transparente. Aux XIIe-XIIIe siècle, ces productions glaçurées sont très répandues sur tous les types de sites de la région et ne semblent plus correspondre au statut social de leur spossesseurs.
Les lampes de cette période sont d’abordmoulées, puis tournées. La lampe moulée, assez ronde et haute à la période omeyyade, s’allonge en amande et son pied annulaire disparaît au profit d’une simple base plane. On note l’apparition d’inscriptions, d’abord copiées des modèles byzantins avec des textes en grec, bientôt remplacées par des formulaires de bénédiction en arabe associés dans certains cas au nom du potier. Certains exemplaires tardifs seront même recouverts de glaçure.